lundi 23 février 2015

Une photo de 1919...

...prise par le photographe suisse Frédéric Boissonnas dans le village de Kardiani à Tinos me ramène vers le patrimoine de l'île ! Le document a été mis en ligne par la fondation Ekaterini Laskaridis d'Athènes, que j'admire pour son travail culturel.


Nous voilà dans une maison traditionnelle "dans son jus". Au premier plan le grand arc de pierre qui soutient le toit de la maison, haut d'environ 4 m, et sépare le salon en 2 parties. cet arc, comme toute la maison est soigneusement crépi. On imagine volontiers sur le piédroit gauche des images religieuses. Au fond, la porte d'entrée et 2 fenêtres symétriquement disposées font entrer un torrent de lumière. Porte et fenêtres sont surmontées de tympans ou hyperthyra bien caractéristiques de l'île. A droite, derrière la femme assise, un canapé traditionnel de bois de cèdre tourné, un coffre recouvert d'un tapis, une table ronde, des chaises paillées semblables à celles des tavernes. A gauche, un autre coffre et vraisemblablement un lit. Les murs sont nus, austères, comme les deux femmes vêtues de robes sombres. La plus âgée porte un fichu.
Simplicité, austérité, beauté, sérénité !

dimanche 22 février 2015

L'eurogroupe du 20 février


Vendredi 20 février, l'Eurogroupe trouvait un accord avec la Grèce; en substance, la Grèce a obtenu 4 mois de financement mais doit conserver un excédent budgétaire primaire légèrement en deçà de ce qu'il était sous Samaras. Les réformes de ce dernier sont maintenues. La Troïka revient pour contrôler le gouvernement grec, affublée d'un faux nez. Point positif, ce sont les Grecs qui ont désormais l'initiative des lois, plus la Troïka. Une fenêtre s'ouvre.
Quant à la dette, on en discutera plus tard.
D'après un ami d'Athènes, la rue grecque est abasourdie.

Dans tous les cas il ne fallait pas compter sur la moindre bienveillance des Allemands; la politique dogmatique qu'ils mènent leur profite trop pour qu'ils l'abandonnent, seule la perspective d'une nouvelle crise les a amenés à desserrer un peu le dernier bouton du col de la chemise ! 
Alexis Tsipras cherchait des alliés, il ne les a pas trouvés, ni en Italie, ni en France où les socialistes "blairisés" passent leur temps sous les jupes de la chancelière. Il y avait là une occasion unique de changer la donne en Europe, et elle n'a pas été saisie par manque de courage. Le paysage politique français est en ruine : l'UMP est sur le point d'éclater, idem pour le PS, le tout sous l'oeil attentif de Marine le Pen en embuscade. Le PS français risque de disparaître, comme vient de disparaître le PASOK grec, miné par ses mensonges et ses reniements.



Le seul point positif de l'accord, outre l'arrimage à l'Euro (je persiste à penser que dans la Grèce désindustrialisée la sortie de la monnaie unique serait la pire des catastrophes puisqu'il faudrait importer presque tous les produits industriels), est la perspective de la construction d'un Etat juste en Grèce, déterminé à lutter contre la fraude et la corruption. Le pari d'Alexis Tsipras est de remplacer les économies faites sur le dos du peuple par des recettes fiscales nouvelles assises sur les riches. Et ça il faut le faire.

samedi 31 janvier 2015

A la croisée des chemins

L'Europe se trouve à la croisée des chemins, grâce au peuple grec qui a élu Alexis Tsipras. Que fera le président Hollande, que fera le premier ministre Renzi ? La France et l'Italie pèsent plus lourd en Europe que l'Allemagne et ses satellites. Un peu de courage, un peu de keynésianisme pour ces deux-là et Supermario pourra faire le reste, et par dessus la cour de Karlsruhe, accorder le large crédit qui historiquement parlant a conclu toutes les crises, enterrant ces années noires qui ont fait le malheur du peuple grec : des salaires à 380 €, des retraites à 200, et des prix légèrement inférieurs à ceux que l'on connaît ici, en France ! Vous imaginez les dégâts ? et les jeunes sacrifiés avec 60 % de chômeurs, et la mortalité infantile. 
Soutenons Alexis pour que l'Europe change, soit à nouveau l'espoir, la paix, l'amitié entre les peuples et non plus un club de financiers.

dimanche 11 janvier 2015

Aux racines de l'Etat grec, démocratie ou république ?


Parlant de la Grèce les Français disent volontiers que l'Etat n'y est pas suffisamment construit, que nombre d'institutions ne sont qu'une façade, que l'arbitraire des fonctionnaires est une plaie etc. Et il y a du vrai dans tout cela.
La Grèce moderne est née en 1830, second Etat des Balkans (après la Serbie) à arracher son indépendance à l'Empire ottoman, l'homme malade de l'Europe. Encore cette indépendance ne concernait-elle qu'un morceau de la Grèce contemporaine, soit le Péloponnèse, les Cyclades, l'Attique, la Beotie. Cette situation explique par exemple l'absence de cadastre : dans l'empire turc, la plupart des terres des Balkans appartenaient au sultan (terres miri) qui les attribuait sous forme timar (sorte de seigneurie non héréditaire) à ses janissaires et à ses spahis. De simples diplômes suffisaient. Le premier royaume hellénique, celui d'Otton de Bavière a plaqué une façade néo-classique sur une réalité balkanique : une monarchie parlementaire animée par une oligarchie grecque occidentalisée et représentant de plus les intérêts des puissances tutélaires, sans vrai contact avec la réalité populaire. Il y avait alors un parti russe, un parti anglais et même un parti français ! Pas vraiment de quoi construire un Etat moderne. Le premier qui s'y soit essayé, Ioannis Capodistrias, l'a payé de sa vie, abattu à Nauplie en 1831, peut être à l'initiative des Anglais qui voyaient en lui un agent du tsar...


Le Parlement hellénique à Athènes



Mais l'insuffisance de l'Etat néo-hellénique pourrait avoir des racines plus anciennes, antérieures à la prise en main de l'empire byzantin par les Turcs au XVe siècle. Il faut remonter à Rome et à l'Antiquité grecque.
Rome a construit un Etat (Res publica, chose publique), dont nous avons fait république. Cet Etat n'était pas démocratiquement géré, que ce soit à l'époque républicaine ou à l'époque impériale. Mais il produisait un droit normatif auquel l'empereur lui-même était tenu de se soumettre. De nombreux fonctionnaires étaient chargés de l'appliquer dans toute l'étendue du monde romain, de la Bretagne à l'Egypte.
Les Grecs ont construit, à Athènes et à Sparte des démocraties de citoyens égaux (mais dont femmes, métèques et esclaves étaient exclus). Démocratie est composé de deux mots : dimos, le dème, la tribu et par extension le peuple de la tribu, et kratia, le fait de tenir et par extension le pouvoir. Dans l'Athènes classique, le pouvoir suprême était exercé par le peuple des citoyens assemblés sur la colline de la Pnyx émettant des votes souverains dans presque tous les domaines. Cette souveraineté s'exerçait sur un territoire limité, l'Attique. Avec des nuances il en était de même à Sparte pour le Péloponnèse, à Thèbes pour la Béotie, etc.. Ces cités Etats étaient limitées à un petit territoire et elles cultivaient une certaine aversion envers les fonctions publiques, dont les titulaires étaient investis de mandats courts. Des démocraties de clocher, très vivantes, mais incapables de durer. Toutes les cités, fréquemment en guerre entre elles, furent soumises sans peine par Philippe de Macédoine, puis par Rome au IIe siècle.

Des démocraties pour glorieuse tradition mais pas d'unité, le progressif éloignement des valeurs romaines durant les derniers siècles de Byzance, l'organisation de tous les chrétiens des Balkans en nation religieuse (millet) par les Ottomans, un pays sous influence étrangère et dominé par la conquête de son unité au XIXe siècle, par les crises et les drames au XXe, font de la Grèce moderne une construction fragile, inachevée sous une façade brillante. Il faut maintenant construire un Etat juste en Grèce.

jeudi 8 janvier 2015

Il a neigé à Tinos


Il a beaucoup neigé à Tinos ces jours derniers ! Après un forte tempête (110 km/h) dans la nuit du nouvel an suivie d'un violent orage, la neige est tombée en abondance les dimanche 4 et lundi 5 janvier, transformant les paysages familiers de l'île en décor de Noël et donnant à la mer Egée des allures d'océan arctique.
Mon ami Jean-Luc actuellement dans le village de Potamia fait état d'une coupure d'électricité de 48 h, de 40 cm de neige lourde, capable de casser les branches des oliviers, de terrasses écroulées, d'un froid glacial apporté par un vent du nord qui souffle encore maintenant à 7 Beaufort (70 km/h).
Je pense aux amis paysans de Skalados, Marios, Iosif, Iorgos qui doivent s'épuiser à porter du fourrage à leurs bêtes disséminées dans la montagne !
Point positif, la reconstitution des réserves d'eau. Après deux années de pluies insuffisantes les nappes phréatiques vont se remplir et la fontane de Papadia couler à nouveau.
J'emprunte les photos qui suivent au diaporama Tinos snow mis en ligne par info@tinos.biz

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dimanche 4 janvier 2015

Angela maintenant !


On attendait les propos de la chancelière, les voilà publiés dans le Spiegel du samedi 3 janvier : si les Grecs donnent la majorité à Syriza, si Syriza remet en cause la politique de rigueur budgétaire l'Allemagne laissera la Grèce sortir de la zone euro. Nouvelle preuve de l'ingérance intolérable de Berlin dans le débat public hellénique.
Raisonnons un peu : la situation est peu différente de celle de 2012 du point de vue des pays de la zone euro. Si la Grèce doit quitter la monnaie unique, démontrant ainsi l'absence de solidarité financière en Europe, les marchés financiers vont sanctionner les pays les plus fragiles en leur imposant des taux d'intérêt plus élevés. Italie, Espagne (convalescente parait-il), Belgique, France vont avoir du mal à se financer et il va falloir imposer aux populations de ces pays de nouveaux sacrifices : baisse des prestations sociales et hausse des impôts avec pour conséquence des investissements et  une croissance en berne. Ca va faire mal ! Et cerise sur la gâteau une Grèce revenue à la drachme paiera sa dette dans une monnaie dévaluée ou ne paiera pas du tout.
Du point de vue des Grecs la situation est différente de celle de 2012 : la situation économique du peuple a empiré, le chômage explosé, la grande pauvreté s'est développée. Les "réformes"  de la Troïka mises en oeuvre par Antonis Samaras n'ont touché que les purs salariés et les retraités, l'injustice devant l'impôt est toujours là. Ils vont porter Syriza au pouvoir. Ils n'ont plus peur !

Comment en sortir ? Vraisemblablement la position allemande restera ce qu'elle est. Les pays du Sud, dont la France, endettés, voyant le danger feront-ils pression sur la chancelière ? Vu la tendance sociale libérale prise par les socialistes français et par les démocrates de Matteo Renzi en Italie je n'y crois pas vraiment.
Non, c'est la BCE qui tient la solution. Il lui faut racheter massivement la dette de la Grèce en surmontant l'opposition allemande et suivre l'exemple des banques centrales japonaise et américaine. Au nom de quoi nous interdirions-nous cette pratique qui réussit chez les autres ? Encore un effort M. Draghi.

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