lundi 23 janvier 2017

Retour balkanique

Les pays balkaniques nous fascinent; ils sont géographiquement proches de nous et éloignés de nos standards ! Depuis la Grèce, on ressent un vrai dépaysement une fois passée la frontière macédonienne à Guevgelija. Un autre milieu : population slave et albanaise, alphabet cyrillique, influence ottomane persistante, un pays de monastères orthodoxes, de panneaux indéchiffrables, de paysans en tracteur. On adore !

Expatrié en Grèce
En octobre 2016 Sylvie et moi sommes rentrés de Tinos en France par la Macédoine, la Serbie du sud et le Monténégro, à la recherche de Byzance !

Véhicule courant en Macédoine, région de Stip

D'abord le site antique et paléochrétien de Stobi, dans la vallée du Vardar, sur la voie romaine qui unissait Naissus (Nis) à Thessalonique. Mosaïques superbes, notamment celle du baptistère. Nous sommes dans les traces de Constantin le Grand !



Nuit à l'hôtel à Kumanovo et visite du monastère saint Gabriel de Lesnovo, fondation des premiers rois serbes. Monastère fortifié, un rempart protège l'église et les bâtiments monastiques. Fresques byzantines du 14e, dont l'une représente le tsar Dusan, montagnes sauvages, maisons traditionnelles slaves.







Il y a beaucoup à découvrir en Macédoine : voici un excellent guide-fil : https://visiter-macedoine.fr/

Nous passons en Serbie pour visiter le monastère de Miliseva au sud-ouest du pays, près du Monténégro. Nuit à Nova Varos.


 Miliseva est célèbre pour la fresque de l'ange du sourire qui accueille les saintes femmes venues faire la toilette mortuaire du Christ. Lui sait qu'il est ressuscité ! L'église renferme la châsse de saint Sava, le premier patriarche de Serbie.


Nous passons au Monténégro. Sur la route de Podgoriça voici le petit monastère de Moraça.


Traversée du haut plateau calcaire (des sauges partout !); un spectacle magnifique nous attend : les Bouches de Cattaro sont à nos pieds. Ici l'Adriatique a pénétré dans les profondes vallées montagnardes en créant un fjord méditerranéen. Cattaro est la meilleure rade des Balkans.

Le fjord de Cattaro




Nous ne quitterons plus désormais la côte adriatique où l'influence de Venise est très sensible, comme dans la ville de Kotor ou dans celle de Perast. Nuit à Herceg-Novi et route en direction de Dubrovnik, eu sud de la Croatie.



Perast

Dubrovnik est le nom slave de l'ancienne Raguse,
république maritime rivale de Venise et vassale des sultans ottomans. La ville ancienne est intacte, mais on y retrouve le tourisme de masse et les insupportables amateurs de la perche à selfie...


Au reste comme à Split où le palais de Dioclétien semble être sous occupation asiatique !

Palais de Dioclétien













Une nuit dans la belle ville de Trogir, Venise, Venise !!!


Mais la France et l'hiver nous attendent...Une nuit de rêve à l'agriturismo Corte di Trembaccia, près de Padoue. La vie de château, éphémère !












Puis le vieux Scudo fidèle pour la route restante !



vendredi 20 janvier 2017

Tavernes de Tinos


Tinos est une île des Cyclades en Grèce où l’on mange admirablement bien !

Expatrié en Grèce

Rien à voir avec les fast-food qui fleurissent à Mykonos ou Santorin où règne désormais le grand tourisme mondialisé. Tinos est une île paysanne authentique qui sait dans sa gastronomie allier les produits de la terre et ceux de la mer.

Afficher l'image d'origine
Taverne Rokos à Volax

La viande, notamment celle de porc est un délice dans cette île  où les cochons sont traditionnellement nourris avec des figues sèches ! Et que dire de la chèvre au four ou de l’agneau au citron!
Autre atout de la cuisine tiniote, les artichauts primeurs, Ces petits artichauts méditerranéens sont cultivés dans la plaine de Komi par de savants jardiniers, On ne mange que leur fond, cru et mariné dans le citron, puis conservé dans l’huile, Succulent! Et puis la salade de câpres, mélange de câpres en saumure, de pain, d’oignons et d’huile d’olive, le tout mixé vaut le détour. En saison on dégustera des aubergines imam, des beignets aux tomates sèches, des «lachanodolmades», feuilles de chou farcies de riz et de porc haché servies avec la fameuse sauce à l’œuf et au citron.
Ne pas hésiter à goûter les beignets de morue (bacaliaro), la salade de poulpe, le calamar au barbecue et la bouillabaisse (kakavia) dans les tavernes du bord de mer.
Pour les fromages, oubliez la féta originaire de Grèce du nord et découvrez les produits locaux comme le «kopanisti» fromage très fort qu l’on consomme avec du yaourt épais ou les «balakia» de lait de brebis qui ressemblent aux fromages d’Italie. Pas étonnant : l'île est restée jusqu'en 1715 une possession vénitienne.
Arrosez le tout de bière locale, la «Nisos», de vin paysan tiré du tonneau - c'est surprenant parfois - ou de vin blanc sec de Falatados, légèrement muscat et finissez par un «raki», le marc local. Souvent le patron vous l'offrira avec le traditionnel "glyko" de raisins ou de prunes.
Deux excellents vins : le T'oinos, sélectionné par Ducasse, mazette, et le Volacus, plus abordable. Le Vaptistis, produit à Steni est aussi très bon. Ces vins sont produits dans la région granitique de Volax - Falatados.
Je vous recommande quelques adresses
A Volax, Rokos, taverne paysanne aux portions aussi énormes que délicieuses,
A Aetofolia, Sta phys’Aera où Nikos et Frankiska enrichissent les produits locaux des idées d’un grand chef,
A Smardakito, le Katoï, où tous les plats sont préparés au four de boulanger dans des terrines,
A Krokos Kyria Léni, les meilleures feuilles de vigne de l’île,
A Chora, Malamaténia pour sa salade de poulpe aux câpres,
A Panormos le Limanaki, calamars frais au barbecue, tendres et goûteux,
Enfin à Isternia le Thalassiki, une des meilleures tavernes de poisson des Cyclades. 
Et j'en oublie beaucoup !

jeudi 19 janvier 2017

Pour un écomusée à Tinos

Promouvoir dans l'île un tourisme durable, éviter la "myconiotisation" de Tinos, favoriser la découverte intelligente de son patrimoine naturel et culturel, tels pourraient être les buts d'un écomusée à Tinos.


Expatrié en Grèce
A l'initiative du Père Joyeux, des Jésuites de Grèce et d'un groupe d'amis franco-grec, j'ai repris ma casquette de conservateur. Voici le texte d'intention, rédigé en novembre 2016. N'hésitez-pas à réagir et à enrichir la réflexion engagée !




POUR UN ECOMUSEE DANS L'ÎLE DE TINOS


Tinos est une île miraculeusement préservée de l'archipel des Cyclades d'où se dégage une force extraordinaire. Elle fait présentement l'objet d'une communication insistante dans les médias d'Europe du nord, ce qui constitue à la fois un atout et un danger :
– un atout parce que de nombreux visiteurs étrangers enrichiront globalement l'île et susciteront des échanges de tous ordres ;
– un danger parce que l'actuelle préservation des patrimoines naturel et culturel de Tinos ne résistera pas au tourisme de masse. Tinos dans ce cas évoluera vers le modèle touristique purement marchand et mondialisé qui domine à Myconos, Santorin et Paros.
Conserver l'atout et écarter le danger, telle est la question. Elle peut être résolue positivement par l'adoption raisonnée d'un modèle original, le tourisme durable. Cela suppose une approche respectueuse des hommes, de l'environnement au sens large, une grande ouverture d'esprit et beaucoup de modestie. Je pense pour ma part que la découverte du patrimoine tiniote grâce à un réseau de sentiers pédestres organisés dans le cadre d'un écomusée peut partiellement résoudre l'équation en attirant des touristes avides d'échanges de qualité avec une population et un territoire et non pas seulement de soleil et de plages aménagées. On dit en français courant que l'on « fait » les îles grecques. Quelle erreur, quel toupet ! On ne fait pas Tinos, on la mérite.

 Le concept d'écomusée

Georges- Henri Rivière 1897 – 1985 anthropologue et muséologue, fondateur en 1937 du musée national des arts et traditions populaires dont il assure la direction jusqu'en 1967. Rénovateur de la pensée muséologique grâce concept d'écomusée qui se développe en France et dans le monde à compter des années 1970, porté par l'organisation internationale des musées, l'ICOM.
Une tentative d'explication globale d'un territoire 

L'écomusée envisage l'explication globale d'un territoire en favorisant la découverte et la compréhension de l'environnement naturel, de biotopes humains et de pratiques culturelles propres à ce territoire ; il faut noter qu'une île est le territoire idéal de l'écomusée. Les fondements de l'écomusée :
 – Un lieu central qui rassemble et délivre une information de bonne qualité scientifique sur le territoire, ses patrimoines naturel et culturel et invite à la découverte ;
– La découverte in situ du patrimoine naturel et culturel ;
– Une gestion démocratique partagée entre élus, porteurs de projet et population.

Tinos aujourd'hui, brève tentative d'état des lieux

Tinos, entre immobilisme et séduction du modèle myconiote
– Le pèlerinage de la Panagia Evangélistria, est source de richesse mais aussi d'immobilisme : la dévotion à la Vierge de Tinos amène dans l'île des pèlerins venus de toute la Grèce et génère un chiffre d'affaire de 8 M. d'EUR par an ! Pour les Tiniotes c'est une rente de situation. Et une bonne raison de ne pas bouger.
– La proximité de Myconos, île mondialisée et bétonnée dont le modèle économique est basé sur le fun, le tourisme de masse et la communication par les peoples séduit plus d'un Tiniote attiré par l'argent facile ! L'application du modèle myconiote est à redouter : il détruirait Tinos et modifierait jusqu'à la sociabilité des habitants (à Myconos on parle anglais, à Tinos on parle grec et souvent tiniaka, le dialecte local, à Myconos on paie, à Tinos on sourit). Attention, une société chinoise a acquis récemment la plage de Kalivia, près de Kardiani...

Un désir d'autre chose ? Voici quelques éléments de réflexion
Un patrimoine naturel et culturel de première importance :
– patrimoine géologique ;
– patrimoine botanique et faune ;
– patrimoine culturel et spirituel abondant et lisible : la modernité (routes carrossables, électricité, téléphone, etc.) n'atteint les villages que dans les années 1970, laissant au bord des sentiers un patrimoine considérable, vrai témoin de l'ancienne économie paysanne. Voir le blog ensoleillé de Tinos : http://leblog.maisondeloutra.fr/2013/11/vestiges-de-la-vietraditionnelle.html

Une histoire riche et révélatrice dont les points forts sont :
– les civilisations de la Grèce antique, de l'époque archaïque à l'époque hellénistique ;
– l'époque vénitienne ;
– le néo-hellénisme, autour du sanctuaire de la Panagia, où se mêlent les symboles de la piété orthodoxe et du jeune Etat grec ;

Une volonté de valorisation portée par une partie significative de la population :
– des initiatives privées de conservation du patrimoine : restaurations de pigeonniers (Marouli Tarampados), constitution de collections d'objets de la vie rurale traditionnelle par des particuliers ;
– des initiatives associatives : certaines associations de village (syllogoi) collectent des objets et organisent leur valorisation, comme à Volax, Kardiani ou Aetofolia autour de la poterie traditionnelle
– des initiatives institutionnelles, telle les excellentes collections formées par les Jésuites à Loutra ou par l'évêché catholique à Xinara ;
– enfin des initiatives publiques : le tout récent musée du marbre de Pyrgos, les collections d'art populaire d'Agia Triada à Girla ou le musée archéologique de Chora dont les collections rendent compte des fouilles de Vryokastro, d'Exombourgo et du sanctuaire de Poséidon à Kionia .

Une volonté de connaissance portée par des érudits autour de la revue Tiniaka Analekta : le P . Markos Foskolos, historien, Alekos Florakis, anthropologue, Charis Koutelakis, archéologue et enseignant à l'Université du Pirée.

Un lieu magique qui concentre l'histoire de l'île et fonctionne comme un aimant pour les insulaires et pour les visiteurs étrangers, le nid d'aigle d'Exombourgo qui porte les vestiges de l'ancienne capitale, de la citadelle vénitienne et le sanctuaire jésuite du Sacré-Coeur. De là on domine la mer Egée et tous les villages de Tinos, à l'exception de la région de Pyrgos. Capitale vénitienne de l'île, forteresse latine Exombourgo protégeait Tinos, permettait l'accès au port de San Niccolo (Chora) et à tous les villages. Une puissance tutélaire ! Voir le blog ensoleilléde Tinos : http://leblog.maisondeloutra.fr/2015/03/exombourgo.html

Un écomusée à Tinos

Il pourrait s'appuyer sur trois piliers conceptuels et matériels - centre d'interprétation, sentiers entretenus et informés, renvoi sur les institutions et/ou ressources conservant des collections ou des pratiques (vannerie, poterie, etc.) - et sur une structure démocratique de gestion. Et bien sûr sur un solide site Internet avec version mobile et référencement soigné.
Le centre d'interprétation Situé à Exombourgo, 
il pourrait contenir une analyse historique de l'île abondamment illustrée et une information sur le lieu lui-même : citadelle, ville, faubourg (sobborgo en italien, qui a donné Exombourgo en grec) invitant à sa découverte. La forme matérielle du centre d'interprétation est à inventer. Il doit communiquer et informer, être en consonance avec le lieu. Je l'imagine dehors, en position d'accueil. Une salle d'expositions temporaires aménagée à peu de frais dans les bâtiments existants permettrait de mettre en valeur tel ou tel point du patrimoine de Tinos : pigeonniers, ex-voto, chapelles, fresques...et de développer des ateliers pédagogiques créatifs.
Le réseau des sentiers 
C'est le pilier principal. Les routes asphaltées de l'île sont récentes. Avant les années 1950 – 1970 les échanges entre ville et villages, entre villages et parcelles cultivées étaient effectués à pied ou à dos d'âne grâce à des sentiers souvent dallés ou taillés dans le roc, clos de murs de pierres sèches afin d'empêcher les divagations des vaches, des chèvres et des moutons. Ces sentiers existent toujours et certains sont portés sur la carte Anavasi (équivalent grec de nos IGN 1/25000). Mais la plupart, du fait de l'exode rural et de la raréfaction des déplacements utilisant des animaux de bât, sont envahis par la végétation agressive qui les obstrue et rend la marche lente et difficile. Malgré cela les sentiers de Tinos offrent au promeneur leur diversité, leur beauté, leurs escaliers doux au pas, leurs dalles énormes posées là depuis des siècles par le labeur paysan. Marcher à Tinos est un plaisir en soi, plaisir physique auquel on peut relier la jubilation d'apprendre ! Les sentiers livrent l'accès à l'essentiel du patrimoine paysan de Tinos, aux terroirs, aux bâtiments de l'ancienne polyculture nourricière, aux églises rustiques : cultures en terrasse, olivettes, vignobles et jardins, plantations de mûriers, étables et bergeries, moulins à eau et surtout à vent, fontaines, réseaux d'irrigation, pigeonniers, aires à battre le blé, maisons temporaires utilisées par les paysans lors des gros travaux (katikiès), chapelles orthodoxes ou catholiques construites pour remercier Dieu de ses bienfaits. Ils relient entre eux les villages, tous différents et dont les édifices remarquables pourraient être commentés : maisons seigneuriales, églises, beaux tympans de marbre sur les maisons traditionnelles, fontaines publiques, etc. Ils donnent aussi accès aux richesse naturelles, filons de marbre, roches métamorphiques, rochers de granit érodés en boule, plantes aromatiques, chênes courbés par le vent, blés sauvages, myrtes et platanes orientaux. Et avec un peu de chance on lèvera un lièvre, des perdrix, des huppes fasciées ou l'on surprendra une chouette endormie, le tout sous le regard narquois des chèvres ! Découvrir Tinos par les sentiers suppose 3 opérations :
– leur dégagement et leur entretien, sans négliger le remontage des murs de pierre sèche éboulés ; cela suppose, après un première remise en état un travail de contrôle et de réparation continu ;
– leur balisage ou le complément de leur balisage et l'édition de cartes et d'itinéraires de type GR ou PR français et l'entretien de ce balisage ;
– l'information écrite et iconographique des points remarquables invitant à la découverte et à la compréhension de la nature et de l'agriculture des Cyclades, sans négliger l'approche anthropologique. Cette information, écrite en grec, français et anglais, pouvant être complétée par la lecture de QR codes, doit être portée par des supports à la fois solides, discrets et en consonance avec le milieu ; il n'est pas question d'imposer un commentaire, une vision magistrale prononcée ex cathedra mais de donner des clés de compréhension au visiteur afin qu'il devienne un acteur de sa visite. Je renvoie ici aux deux itinéraires que Sylvie et moi avons parcouru fin octobre 2016, l'ancienne voie vénitienne allant d'Exombourgo au port de San Niccolo (Chora actuelle) et le sentier Falatados – Manganari – Falatados. Le réseau des sentiers doit être matérialisé à Exombourgo par une structure porteuse des descriptions sommaires de ces itinéraires de découverte et d'indications pratiques, parking, niveau de difficulté, possibilités de restauration, points d'eau situés sur le sentier... Le nombre d'itinéraires possibles étant très important, il faut imaginer une montée en puissance faisant suite à l'information des 10 sentiers balisés existants et mentionnés par la carte Anavasi. Là aussi j'imagine cette structure en position d'accueil.
Le renvoi vers les partenaires 
C'est le troisième pilier. Située elle aussi à Exombourgo, cette structure comparable aux deux premières devra donner une description sommaire de chaque collection, édifice ou pratique géré par un partenaire et des informations opérationnelles, horaires, téléphone, langue parlée, etc., le tout dans un souci de coopération et de valorisation mutuelles. Le lien avec le réseau des sentiers sera naturellement opéré : qui visitera les sites archéologiques d'Exombourgo se verra proposer un prolongement/approfondissement de sa visite in situ par un renvoi vers le musée archéologique de Chora ; le sentier Falatados – Manganari – Falatados permet la découverte d'un moulin à eau, l'information de ce moulin renverra vers des biotopes similaires conservés à Agapi ou à Perastra. ; les pigeonniers que l'on rencontre sur de nombreux itinéraires (Tinos en renferme un millier) renverront vers les vallées de pigeonniers valorisés et signalés de Tarampados ou d'Agapi.
Une gestion démocratique
Une toute petite équipe peut gérer une telle structure. Elle doit être encadrée par une association fonctionnant démocratiquement réunissant les responsables politiques (maire de Tinos et conseillers d'Exombourgo), un représentant du ministère grec de la culture, les partenaires conservant et valorisant édifices et/ou collections, les Jésuites propriétaires du sanctuaire d'Exombourgo. Ce conseil détermine la ligne culturelle de l'institution : expositions à envisager, sentiers à informer, partenariats à engager, communication. Il est habilité comme personne morale à solliciter des financements publics et privés. Cette association s'appuie sur un conseil scientifique consultatif composé d'érudits, d'universitaires et de professionnels du patrimoine.

Les enjeux 

Comme il est écrit en préambule, Tinos est à la croisée des chemins. Pour se développer harmonieusement l'île peut adopter un modèle différent de celui de Myconos. Nos voisins de Siphnos et d'Andros toute proche ont parié sur le développement du tourisme pédestre. Sans dénaturer leur environnement, sans perdre leur âme pour une poignée d'Euros... Allons plus loin sur le sentier qui monte ! 

samedi 30 avril 2016

Chasser Tsipras du pouvoir

Retour du Grexit dans la presse internationale sur fond de brouille entre le FMI et les bailleurs d'Europe (CE, BCE et MES). Le premier souhaite une diminution nominale de la dette et doute de voir le budget grec en excedent de 3,5% du PIB en 2017, les seconds ne veulent pas entendre parler de coupes dans la dette. Le mot doit rester l'apanage des vieux Grecs, qui le subissent dans leurs retraites que le FMI veut voir passer de 384 a 350 EUR...
Une bonne occasion de faire la paix entre requins est de s'arranger sur le dos du petit poisson; on demande donc au gouvernement grec de voter des coupes conditionnelles dans les budgets sociaux. Si les fameux 3,5% restaient hors d'atteinte, ces textes seraient mis en application. Et en attendant pas un centime pour la Grece qui doit payer de lourdes sommes en juillet prochain. Le garrot, on a vu !
Mais Tsipras renacle : il n'y a rien qui impose cela dans l'accord du 13 juillet 2015, mais la nouvelle toika ne recule pas devant l'abus de pouvoir, vae victis, et la constitution grecque ne connaitrait pas de lois reposant sur des "si" !
Pourquoi tout cela ? Tout simplement un faux nez pour chasser Tsipras du pouvoir. S'il accepte, il en fait autant que la droite, s'il refuse, il relance la crise. Et au parlement grec il ne dispose que de 3 voix de  plus que l'opposition conduite par le dernier de la dynastie Mitsotakis, un homme de confiance, lui !
Suivons attentivement l'affaire tandis que se profile un nouveau scrutin en Espagne

mardi 8 mars 2016

Capitulation morale

Les termes du projet d'accord entre l'UE et la Turquie envisagé le 7 mars sont les suivants si j'ai bien compris :
- la Turquie reprendrait tous les migrants entrés illégalement en Grèce via son territoire, qu'il puissent prétendre au statut de réfugié (Syriens et Irakiens, issus de pays en guerre) ou non (les migrants économiques, Pakistanais par exemple);
- elle renverrait vers l'UE les réfugiés ayant fait la demande de ce statut officiel, régi par la convention de Genève, sur son sol dans la proportion de 1 pour 1 (1 Syrien renvoyé de Grèce par exemple contre un Syrien venu d'un des camps établis en Turquie);
- l'UE se voit demander 3 milliards d'EUR supplémentaires, une concession sur les visas de court séjour au bénéfice des citoyens turcs et la reprise des pourparlers sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Un pauvre en Turquie coûte moins cher qu'en Grèce, dont la monnaie est l'Euro, le marché sera vraisembablement  accepté.

Ce projet est une véritable capitulation morale : l'UE rejette sur un pays qui joue sa partition dans la guerre de Syrie la responsabilité de la gestion de dizaines de milliers d'êtres humains désemparés. L'UE donne sa confiance à un Etat autoritaire qui piétine la liberté de la presse, brutalise sa population kurde, et entretient des relations troubles avec le groupe Etat islamique. L'UE lui accorde néanmoins la qualification de pays sûr !
L'UE entérine pratiquement la fermeture des frontières balkaniques, piégeant des milliers de gens dans la boue d'Idoméni.

Pourquoi ? Avant tout pour protéger l'Europe du nord-ouest et assurer le pouvoir de ses dirigeants, Merkel, de Rutte, Juncker et consorts, mis à mal par les réactions de rejet des réfugiés/migrants qui se manifestent en Allemagne et en Europe centrale, son hinterland. Donc les droits de l'homme, on s'en fout dans la plus grande démocratie de la planète. On passe la patate chaude à Erdogan. Qu'il s'occupe de tous ces pauvres puisqu'on va le payer pour ça ! Qu'il vide la Grèce. Et qu'on en entende plus parler. Ce sera sous contrôle, et d'une main de fer.
Et puis, dans la mesure où l'Europe est depuis les négociations avec la Grande-Bretagne une Europe à la carte, sans principes ni idéal communs, et qu'elle compte des Orban et des Kaczynski, on peut bien accepter Erdogan dans le club !

vendredi 26 février 2016

l'Europe de la honte

Ce que l'on diagnostiquait il y a quelques semaines, à savoir le blocage des réfugiés/migrants venus de Turquie en Grèce est en train de se réaliser sous nos yeux : bouclage de la Macédoine, entraînant celui de la Serbie, de la Croatie et fermeture de la frontière autrichienne. Vienne prétend ainsi envoyer un "signal fort" aux migrants, de nature "à en réduire le flux".
Donc à les enfermer en Grèce sans le dire évidemment.
Les instances européennes sont déboussolées, la France absente.

Mais qu'attendent des Grecs les Européens du nord bourgeoisement installés dans leur égoïsme ? Qu'ils coulent les embarcations de fortune ? Qu'ils organisent des camps dans le Dodécanèse et en Macédoine ?
On attend qu'ils se débrouillent, qu'ils gardent leurs pauvres parmi les pauvres (on refuse parallèlement au gouvernement Tsipras l'institution d'une retraite plancher de ...384 EUR, moins que le RSA français). Et on ne fait rien pour aider le malheureux pays, attendant tout d'une Turquie dont les intérêts ne sont pas clairs, en Syrie comme dans les Balkans.
On pressent une crise humanitaire. Mais il faudrait agir pour la juguler et cesser de s'enfermer comme de tergiverser.

On est en droit de redouter un rebond de la crise économique en Grèce. Comme l'indique le gouverneur de la banque nationale, Ioannis Stournaras, la crise migratoire et la débâcle de la cohésion européenne inquiètent les investisseurs. Le tourisme, seconde activité de la Grèce, pourrait se trouver lourdement pénalisé.

L'Autriche et ses séides, c'est l'Europe de la honte.

mardi 9 février 2016

L'Hélichryse de Tinos

Au mois de juin toute l'île se couvre de bouquets d'Hélichryse, au point d'embaumer ! Cette petite Astéracée  est très facile à cueillir mais très difficile à distiller : le rendement est très faible (1/1000), c'est à dire que pour un kg de fleurs on obtient un millilitre d'huile essentielle.  Le faible rendement explique le prix élevé de cette HE, souvent plus de 50 EUR les 10 ml. Mais c'est une plante aux vertus extraordinaires !



Il existe en Méditerranée deux sortes d'Hélichryse et par là deux huiles essentielles d'Hélichryse : l'HE d'Helichrysum italicum serotinum, qui provient souvent de Corse où elle est cultivée et l'HE d'Helichrysum italicum microphyllum ou angustifolium, qui provient des côtes balkaniques où elle est plutôt cueillie. C'est cette dernière que je produis à Tinos, où abonde l'Hélichryse microphyllum sauvage. 
Son huile essentielle est un peu plus anti-inflammatoire et un peu moins fibrinolytique (apte à dissoudre les caillots sanguins) que celle de la Serotinum, mais les deux produits sont très proches dans leurs indications en aromathérapie : anti-inflammatoire, anti-traumatique et cosmétique. L'Hélichryse soigne les hématomes, combat efficacement les douleurs inflammatoires, retarde l'apparition des rides et résorbe la couperose. Une plante de bien-être et de beauté. 
La cueillette de l'Hélichryse débute à la mi-mai, en fonction de la maturité des plantes, elle-même déterminée par la météo de l'hiver. La campagne débute au bord de la mer, dans les garrigues de Lychnaftia. Progressivement il faudra prendre de la hauteur et cueillir en montagne. Le dernier champ que j'exploite se situe sur les pentes de Pateles à 600 m d'altitude. Les paysages sont toujours superbes, avec la mer Egée pour horizon.

Il faut cueillir tôt le matin, avant que le soleil n'évapore l'huile essentielle. Donc débuter vers 7 h et cesser le travail vers 10 h, en fonction de la météo, bien sûr. La cueillette est opérée soit à la main, soit à la faucille et l'on va s'efforcer de récolter les boutons avancés, les tiges étant stériles. C'est une cueillette agréable : l'Hélichryse se présente sous la forme de buissons grossièrement hémisphériques hauts de 30 à 40 cm. Pas besoin de se baisser beaucoup donc.

Au retour les fleurs sont mises à sécher sur des toiles disposées sur le sol de l'atelier, puis distillées doucement à la vapeur d'eau pendant 2 heures. On obtient une belle huile essentielle de couleur jaune clair, puissamment aromatique. Une source de santé pour toute l'année.



Articles les plus consultés