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dimanche 12 mars 2017

Mutations grecques

A un mois de mon départ pour Tinos je souhaite faire part de quelques réflexions concernant l'état du pays.




 Un Etat et un gouvernement hors-sol

Après la déroute du 13 juillet 2015, qui a vu Alexis Tsipras accepter le diktat des créanciers contre le maintien du pays dans la zone Euro, le gouvernement Syriza a progressivement perdu toute légitimité pour la population. Il suffisait d'écouter les conversations dans les cafés de Tinos à l'automne 2016 pour s'en convaincre. Plus que jamais la classe politique est détestée par les Grecs qui ne voient en elle que la marionnette des créanciers et des banquiers. Tsipras après Samaras, Samaras après Papandréou et Papadimos, la chanson est la même. Et chacun sait que l'Etat n'est plus le régulateur de la vie sociale mais un organisme de collecte fiscale au service de l'étranger. Chaque mois qui passe voit se dissoudre le crédit de la chose publique, au rythme des "réformes" imposées que Tsipras avale comme autant d'épaisses couleuvres (saisies immobilières, nouvelle coupes dans les retraites, etc.) comme au rythme des promesses non tenues des "partenaires" européens de la Grèce (la négociation de la dette, désormais suspendue aux élections allemandes).

 Une société civile en mutation

Le peuple grec est touché par la crise depuis 7 ans maintenant. Rappelons quelques chiffres : un quart de la population active est sans travail, le pays a perdu un quart de sa richesse et la dette atteint 180 % du PIB, 30 % des Grecs vivent sous le seuil de pauvreté. Dans de telles conditions rien ne peut plus être comme avant, la vie doit être repensée en fonction de ces données catastrophiques. Et c'est ce qui commence à se produire ! Dans le domaine de la santé par exemple des dispensaires autogérés formés de professionnels bénévoles assurent les missions que l'hôpital public ne peut plus accomplir et se substituent pour partie aux médecins libéraux, trop chers. On assiste dans de nombreux domaines à de véritables inventions sociales qui donnent à réfléchir : cantines sociales, marchés qui voient sans intermédiaires se rencontrer producteurs et consommateurs, crowdfunding, micro-crédit, économie non monétaire, service pour service ou bien pour bien, culture vivante et l'extraordinaire élan de solidarité de ce peuple blessé pour les réfugiés du Moyen-Orient, plus blessés encore ! Comme nous sommes loin en France de cet élan, avec nos murs de moellons et nos voisins vigilants... Et comme tout cela est loin des chantages de l'Eurogroupe ou du FMI.

Bien sûr ces mouvements ont pour théâtre le milieu urbain, Athènes, Thessalonique, Patras, Héraklion, Volos. Issus de la base, du peuple, ils refondent pour partie la société hellénique et je l'espère ne pourront bientôt plus être ignorés. A Tinos tout est moins perceptible, mais dans l'île aussi certains cherchent d'autres voies et les Athéniens racontent. Je porterai fièrement le T-shirt d'un dispensaire autogéré qu'un ami m'a offert !

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