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vendredi 29 décembre 2023

Requiem pour Wolfgang Schäuble

L'ex ministre des finances allemand en fonction lors de l'acmé de la crise grecque s'est éteint le 26 décembre à l'âge de 81 ans. Je ne tire pas sur les corbillards mais je pense indécents les hommages appuyés du président Macron, de la première ministre Borne et de divers membres du gouvernement français. Schäuble aurait été un grand ami de la France ! Le silence des autorités grecques est préférable.


Qui était Wolfgang Schäuble ? D'abord un ordo-libéral, c'est à dire un partisan du libéralisme économique encadré par des règles strictes : pas d'intervention de l'Etat dans l'économie, la concurrence libre et non faussée, la rigueur budgétaire la plus rigide. Et rien du tout sur une harmonisation sociale et fiscale dans l'UE. L'anti Keynes.

Ensuite un anti démocrate, comme son compère Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne en 2015. Le peuple grec avait dans cet été compliqué voté par référendum contre l'austérité imposée par la commission, le FMI et la BCE. Les Grecs se sont vu rétorquer par M. Schäuble que « Les élections ne peuvent pas être autorisées à changer la politique économique ». M. Juncker avait déclaré au même moment qu' « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Il évoquait précisément le sinistre traité de Maastricht fondateur d'une Europe basée sur le seul marché, opposée aux intérêts des peuples. 

Dans l'Union européenne les peuples sont donc exclus des décisions économiques qui scellent leur avenir.

L'Europe, la plus grande démocratie de la planète ? Auf wiedersehen Wolfgang Schäuble !


jeudi 17 décembre 2015

Grèce : le feuilleton de l'été

Premier article depuis le retour du blogueur en Gaule ! Naturellement il est consacré à la crise du printemps et de l'été 2015.
Rappelons nous de la situation au mois d'avril : en substance il s'agissait pour l'Eurogroupe de tordre le bras du premier ministre grec, issu de Syriza, pour qu'il aligne sa politique sur celle de son prédécesseur de Nouvelle Démocratie et inscrive dans la durée en Grèce l'austérité et ses corollaires, hausse des impôts, baisse des retraites et des salaires, instauration d'un Etat minimal. Le tout contre les 7 milliards restant à verser du deuxième plan d'aide et des promesses de réexamen de la dette.


Petit à petit le gouvernement grec s'est retrouvé dans les cordes, étranglé par les échéances de la dette du mois de juin. Il fallait alors soit renoncer à payer salaires des fonctionnaires et retraites, soit ne pas honorer la dette, notamment vis à vis du FMI, choix qui a été opéré. Le tout a été aggravé par la décision vraiment politique de la BCE qui s'est mise à limiter les crédits accordés au pays et a provoqué en retour des retraits massifs de liquidités par les déposants, mettant en danger l'existence des banques ! Le garrot était alors serré au maximum.
Les "lignes rouges" du gouvernement grec ont commencé à bouger le 24 juin : un rapprochement de ses positions avec celles de l'Eurogroupe s'est esquissé. Tsipras a proposé des hausses d'impôts pour les plus riches et l'augmentation de la TVA, passant à 23 %, une baisse des crédits militaires. Un accord a été envisagé, aussitôt torpillé par le FMI qui a adopté une position de classe : toucher aux riches serait une mesure qui favoriserait la récession, mieux vaut donc poursuivre l'étranglement des pauvres et réduire les dépenses ! Pendant ce temps, à Tinos, l'église orthodoxe servait des soupes populaires aux retraités !
Pas d'accord donc, ce qui a imposé le contrôle des capitaux et trois semaines de fermeture pour les banques aux abois. Le ministre Varoufakis a préparé alors l'édition d'une monnaie de nécessité, des reconnaissances de dette libellées en Euros, un cauchemar pour la Chancelière !
Alexis Tsipras a décidé d'en appeler au peuple. Les Grecs ont été invités à se prononcer sur la poursuite de l'austérité le 5 juillet. Austérité qu'ils ont repoussé à une large majorité (61 %), ce qui n'a pas empêché les créanciers de rester sourds à la voix populaire.


Restait à se soumettre ou à se démettre. Ioannis Varoufakis démissionnait le lendemain du référendum tandis qu'Alexis Tsipras, "coaché" par Hollande - qui a dû avoir bien peur pour la dette de la France - est allé à Canossa. Un accord était conclu le 13 juillet dans une ambiance exécrable. Une reddition sans conditions ! Privatisations, hausse des impôts indirects, réduction des retraites, le tout assorti d'un contrôle tatillon, contre le maintien dans l'Euro, la perspective d'un troisième plan d'aide et comme toujours de vagues promesses concernant la dette ! Retour de la Grèce à la case départ, comme si les élections de janvier et le référendum de juillet 2015 n'avaient pas existé. Comme si cette politique n'avait pas mené le pays à la catastrophe.
Syriza s'est scindé et Tsipras a dû accepter des soutiens à droite pour voter les premières mesures exigées par les créanciers. Cette ouverture à droite s'est trouvée confirmée par les résultats des élections anticipées du 20 septembre. Pour l'Eurogroupe la situation grecque est désormais sous contrôle.

Défaite de la gauche grecque qui chausse les bottes de ses adversaires, certes, mais aussi de l'Europe, qui a prouvé à la face du monde qu'elle se moquait du suffrage populaire, que sa solidarité ne pesait guère face aux marchés financiers, qui au reste ne se gêneront pas pour attaquer tout pays - même l'Italie, même la France, étonnamment aveugle ou complaisante - ayant des difficultés avec sa dette. Une Europe de la coercition.


J'ai rêvé d'Europe dans les années 90. Mon rêve a achevé de se briser dans la nuit du 12 au 13 juillet 2015 avec les vociférations du ministre allemand Schäuble.









vendredi 27 mars 2015

Le garrot européen

A quoi se résument depuis le 20 février les Eurogroupes, mini-sommets consacrés à la situation grecque et autres pantalonnades médiatiques ?
A un impératif politique absolu : faire plier le gouvernement Tsipras, rendre impossible la réalisation du programme sur la base duquel le peuple grec l'a porté au pouvoir en janvier de cette année. Donc nier sans l'exprimer le principe de la souveraineté du peuple.

Pourquoi ? Les Grecs ont été les premiers, et hélas encore les seuls, à refuser clairement les mesures de déflation interne imposées par la Troïka. S'ils se libéraient  réellement de ce carcan ils feraient école ailleurs en Europe, en Espagne et au Portugal notamment . D'où les cris d'orfraie identiques de MM. Rajoy et Coelho,  le premier de droite, le second  soi-disant socialiste, unis dans le chaste noeud du falsoculisme, avec la chancelière en seconde ligne ! Il faut que Tsipras échoue à tout prix ou presque.

Comment y parvenir ? La solution vient aussi d'Espagne : le vieux garrot du général Franco ! Garrotter financièrement la Grèce en ne lui versant pas l'argent qui lui a été promis c'est empêcher Tsipras de réussir et prouver aux peuples qui souffrent qu'il n'existe pas d'alternative à la domination de l'Europe par les conservateurs allemands.
Tsipras est coincé entre les exigences légitimes de son peuple et la nécessité de maintenir son pays dans l'Euro. Donc l'Eurogroupe exige des réformes pour libérer les fonds qu'il gèle, mais refuse la réforme fiscale profonde proposée par le gouvernement grec et jugée ridicule à Bruxelles. L'Eurogroupe exige de Tsipras qu'il chausse les bottes de son prédécesseur Samaras et prenne de nouvelles mesures d'austérité : hausse de la TVA et assouplissement des procédures de licenciement. Et puisque Tsipras fait la sourde oreille, on attend que le bourreau serre la vis du garrot. Le bourreau, c'est la dette qu'il faut rembourser.



A un instant d'expirer - de faire défaut sur une échéance, donc de sortir de l'Eurozone en déclenchant un crise ravageuse - on trouve 2 milliards et on laisse souffler le condamné.

Ca va durer longtemps ?


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