vendredi 26 janvier 2018

Tympans de Tinos au musée byzantin d'Athènes

J'ai rédigé un article en décembre 2013 sur les hyperthyra, ces tympans de marbre sculptés en faible relief qui surmontent les portes et les fenêtres des maisons anciennes de Tinos :
 leblog.maisondeloutra.fr/2013/12/les-hyperthyra.html
Le musée Benaki, mais aussi le musée byzantin de la capitale grecque conservent des hyperthyra. Sylvie a eu l'occasion de visiter cet automne la collection du musée byzantin.





Et surprise, l'une des pièces présentée semble être de la même main qu'un de nos tympans de la maison de Loutra, précisément celui qui décore extérieurement la fenêtre de la cuisine !

En haut à droite, le tympan du musée :


A comparer avec l'image du nôtre, les lichens en prime !



Et pour terminer ce petit post voici le lien des collections du musée byzantin dont l'adresse est 22 Vassilis Sofias, derrière le Parlement grec :

www.ebyzantinemuseum.gr/?i=bxm.el.collections


dimanche 21 janvier 2018

Sources de Tinos

En me baladant entre Kambos et Chatzirados, j'ai découvert en septembre 2017 une jolie source soigneusement captée !


                                               
C'est un abri à flanc de colline, près d'un pigeonnier, construit comme une bergerie, qui contient la tête de source et son aqueduc, sa vasque de marbre, où les hommes se désaltèrent, et deux bassins creusés servant d'abreuvoir aux animaux et de réservoir pour arroser le jardin tout proche.










Du cresson de fontaine et la belle eau limpide !





                                                                                                           

L'eau est le secret de la richesse agricole de Tinos, qui réussissait à nourrir 23000 habitants dans les premières années du XIXème siècle.
La géologie complexe de l'île associe granits, marbres, schistes, argiles. Certaines roches, poreuses ou fracturées laissent entrer l'eau de pluie qui  est ensuite retenue par des couches imperméables. L'eau sourd au flanc des coteaux. Encore faut-il savoir la canaliser, la stocker, l'administrer.

Notre pigeonnier de Papadia est associé à une fontaine alimentée par un aqueduc de 35 m de longueur creusé au pic et à la pointerolle et soigneusement maçonné. Au bout de cet aqueduc, l'eau s'échappe  d'un rocher de marbre. Ce travail parait très ancien, peut-être d'époque byzantine. Le trop plein du bassin était autrefois récupéré en aval dans une citerne, gourni, qui permettait l'arrosage de nombreux jardins.
Dans le village de Tarampados, la fameuse vallée des pigeonniers est connectée à une source abondante qui débouche dans un grand bassin ovale d'où partent les rigoles maçonnées aboutissant aux parcelles familiales. Chacun possédait un droit d'eau qui permettait d'ouvrir la vanne à jours et heures fixés collectivement. En aval encore on trouve la fontaine publique et le lavoir.
A Koumaros, la source et la fontaine se trouvent au bas du village. On remarque encore les modestes rigoles, latérales au sentier, maçonnées de gros galets de quartzite, qui permettaient d'acheminer le trop plein vers les jardins. A Volax on trouve le même type de rigole, mais plus large. Un ponceau de grosses dalles la recouvre lors de son intersection avec le chemin. A Falatados l'association du village amis en valeur l'aqueduc qui distribuait l'eau aux fontaines publiques.
Tous ces travaux, dont il ne reste que des vestiges, témoignent d'une grande intelligence technique et sociale que le visiteur curieux s'efforcera de décoder.

L'eau, c'est la vie dans une île méditerranéenne. C'est sa présence, son abondance ou son absence qui permettent de classer les Cyclades en 3 catégories. Les îles de marins, comme Mykonos, manquent d'eau. C'est donc des métiers de la mer que l'on tire sa subsistance. Les îles paysannes, comme Tinos ou Naxos ont de l'eau en abondance. C'est la terre qui nourrit les hommes. Les îles désertes comme Giaros n'ont pas du tout d'eau.


mercredi 17 janvier 2018

Quelques bonnes adresses dans la ville de Tinos

La ville de Tinos, ou Chora, est toute petite.  Vous connaîtrez rapidement son front de mer, ses ruelles, ses commerces. Avec cet article, je souhaite "mettre le pied à l'étrier" des visiteurs en indiquant les lieux que j'aime et en leur attribuant un petit commentaire, sans oublier de localiser les banques, les ports ou la poste.
Et merci à Google Maps pour le fond de carte et les indications qu'il renferme !


 


Les ports
Il y a 2 ports de voyageurs, le port des ferries qui reçoit les gros bateaux transportant des véhicules, et le port des Seajets (bateaux rapides) qui ne transportent que des voyageurs.

Argent
Toutes les agences bancaires proposent des distributeurs de billets. Vous les repérerez facilement sur le front de mer.

Louer une voiture
Il y a à Tinos de nombreux loueurs; toutefois je conseille Vidalis, entreprise familiale qui associe un garage à la location de voitures; les véhicules sont toujours impeccables.

Les marchés
Les pêcheurs ont organisé un petit marché au poisson tout à côté de leurs caïques. Vous y trouverez d'excellents poissons et parfois des langoustes. Mais c'est assez cher tout de même.
Près du port des ferries et de la station de bus on trouve le marché paysan, ou "laïki", ce qui signifie populaire. Excellents produits de l'île, légumes, câpres, miel, vin maison, etc.

Tavernes et bistrots
Ma taverne préférée, à Chora, est la Malamatenia, du nom de l'église orthodoxe voisine ("Panagia Malamatenia", Vierge au ruban d'or). Patron qui parle un peu français et excellente cuisine, goûter au "kleftiko", agneau cuit en papillote avec du fromage local, aux calamars grillés, pas caoutchouteux du tout !
Pour prendre un café frappé ou un verre je conseille l'Apenanti, qui se situe tout près du centre culturel. Sa terrasse est très agréable le matin et jouit d'une vue magnifique sur le port, mais attention au vent du nord, tout s'envole ! J'aimais bien autrefois le Polymerio. mais en 2019 il est devenu le Cardoon...Ambiance globalisée garantie.

Pour les gourmand(e)s
Allez donc déguster des baklavas à la pâtisserie-café Meskliès, en face du port des seajets, et laissez vous tenter par un délice bien grec : un verre de raki, un d'eau, un café bien fort, des oranges confites et un gros kataïf !

Courses alimentaires
Il y a 3 supermarchés à Chora, deux Sklavenitis, dont un sur le port et un SYNKA. Une excellente boucherie, Farma, de bons boulangers, partout.

Points d'intérêt
Comme je l'écrivais dans un autre article les ruelles qui se trouvent derrière le front de mer sont aussi typiques que celles de Mykonos, l'authenticité en plus. Dans la rue Evangelistria se trouve la très belle boutique d'icônes de Christos, un marchand d'encens et plein de commerces de bondieuseries;
Ne manquez pas d'aller voir le pélican Markos qui s'amuse à arrêter la circulation en étendant ses ailes au milieu de la route.
Une visite à la Panagia Evangelistria s'impose : on vient à Tinos de toute la Grèce pour son icône miraculeuse.

Bobos
Il faut hélas y penser... Il y a à Tinos un centre de santé où l'on est bien soigné, mais pas de bloc; en cas d'urgence absolue, c'est l'hélicoptère pour Athènes (l'hélicodrome est tout près de la ville) ou la vedette rapide des garde-côtes pour l'hôpital de Syros.

Bon séjour dans notre île !



lundi 15 janvier 2018

La Rotonde de Thessalonique

Un jour à Thessalonique n'est pas suffisant pour visiter la ville et découvrir son patrimoine. Il faudra revenir, mais au moins nous aurons vu le musée archéologique qui conserve le précieux cratère de Derveni, la Tour blanche, puissant vestige de l'époque ottomane, devenu musée d'histoire urbaine, quelques églises byzantines, le front de mer et la Rotonde de Galère.

C'est ce dernier monument qui m'a le plus impressionné. Thessalonique a été fondée en 391 av. J.-C. par les rois macédoniens; après la bataille de Pydna et la conquête romaine, elle devient un puissant emporium bien situé au carrefour des routes venant de Pannonie, de Mésie et d'Italie par la via Egnatia. Saint Paul y prêche. Aux temps de la Tétrarchie, l'empereur d'Orient Galerius (250 - 311) choisit cette ville pour y construire son mausolée.
Cet empereur persécuteur des Chrétiens va voir son tombeau monumental transformé en église sous le règne de son successeur, Constantin le Grand, qui par l'Edit de Milan en 313 légalise le christianisme avant de se convertir lui-même à cette religion sur son lit de mort.
La Rotonde, convertie en mosquée lors de la conquête ottomane au 14e siècle, a conservé tout autour de sa coupole une somptueuse décoration de mosaïques présentant des saints et des martyrs au milieu d'une somptueuse et savante architecture héritée de l'art hellénistique.









lundi 8 janvier 2018

Chapelles de Tinos

En parcourant les sentiers de Tinos, notamment dans le centre et le sud de l'île, on rencontre de très nombreuses chapelles familiales, bâties pour remercier le seigneur des dons de la terre. Ces chapelles sont généralement ouvertes pour peu qu'elles soient éloignées de la route; on redoute le vol d'icônes mais on encourage le marcheur respectueux ou le berger à brûler un petit cierge !

Le plus souvent ce sont des édifices très modestes, construits comme les étables avec lesquelles elles voisinent : les murs s'évasent à leur sommet pour recevoir une couverture de plaques et un petit clocher bleu. Souvent le choeur est en cul-de-four. Intérieurement et extérieurement ces chapelles sont crépies et peintes en blanc. On leur associe une cuisine et un réfectoire : au jour de la fête patronale, après la messe, la famille régale les fidèles... et le prêtre. Quelquefois elles servent d'ossuaire.













Les plus grandes comprennent 2 nefs séparées par une arcade reposant sur une colonne à chapiteau byzantin. J'y vois, en lisant le Voyage de Pitton de Tournefort (voir dans ce blog l'article Un voyageur français séjourne à Tinos en 1701, année 2016), une conséquence de l'obligation imposée par les Vénitiens catholiques aux Tiniotes orthodoxes de réserver un autel au rite romain dans leurs églises.

















Il faut pénétrer dans les chapelles pour différencier les rites :
- les chapelles orthodoxes présentent toujours un iconostase, le plus souvent en bois modestement sculpté, qui sépare le pope des fidèles pendant l'élévation et leurs murs sont décorés d'icônes. Les plus anciennes présentent des points communs avec les ex-voto populaires de l'Italie du sud; le choeur est souvent décoré d'un tableau peint sur tôle représentant la Reine des cieux (Platytera ton ouranon);


























- les catholiques sont plus simples, l'autel n'est pas séparé de la nef, parfois on note un retable rustique d'inspiration baroque.


Quelquefois on a le bonheur de découvrir des fresques. La plupart sont d'inspiration byzantine, même dans les chapelles catholiques : on peut supposer que le rite latin s'est lentement imposé aux paysans orthodoxes au cours des 5 siècles de la domination vénitienne sur l'île. Sont fréquemment représentés saint Georges terrassant le dragon, Constantin et Hélène entourant la vraie croix retrouvée, les Taxiarques.




Il y a moins de chapelles dans la région de Pyrgos, l'Exomeria, région exclusivement orthodoxe mais plus pauvre que le reste de Tinos.



jeudi 4 janvier 2018

Ruches traditionnelles de Grèce

La poterie traditionnelle de Tinos est riche et diverse : on réalisait en céramique de nombreux objets de la vie domestique ou destinés aux travaux des champs : récipients, vaisselle, jarres pour conserver les céréales ou l'huile, ruches. On conserve même au musée de Xinara un alambic en céramique !
Certains de ces objets sont restés inchangés depuis l'Antiquité, nous venons d'en avoir la preuve en visitant le musée archéologique de Thessalonique.


Les ruches de Tinos sont des cylindres de terre cuite tournés ou mieux des troncs de cône dont le diamètre diminue en se rapprochant du fond. Ces ruches sont placées horizontalement dans des loges pratiquées dans les murs de pierre qui soutiennent les terrasses. Elles sont fermées par des sortes d'assiettes percées de trous pour le passage des abeilles; à l'intérieur se trouve un cadre en forme de croix.


ruche de Tinos



patrimoine Tinos




Le musée archéologique de Thessalonique conserve une ruche de terre cuite datant du 3e ou du 2e siècle avant J.-C., originaire de Néa Apollonia en Macédoine très semblable dans sa forme à ses soeurs de Tinos :



ruche antique


patrimoine Tinos


Je pense toutefois que cette ruche antique est un peu moins profonde que celles de l'île et que son ouverture est plus large, mais comment n'être pas impressionné par la permanence de la forme tronconique qui a traversé et l'espace et les siècles ?

En 2020 lors d'un voyage à Chypre j'ai découvert une ruche de ce type au musée d'art et tradition populaire de Nicosie. Nouvelle preuve de la diffusion de la culture hellénique des Balkans au Moyen Orient.

lundi 1 janvier 2018

Escapade balkanique

Aller de Tinos en France via la Bulgarie, la république de Macédoine, la Serbie et la Croatie ne va pas de soi mais permet la découverte de nouveaux pans du patrimoine des Balkans. C'est dans cet état d'esprit qu'Antonin, Sylvie et moi avons pris la route, dans notre vieux Scudo fidèle à la fin d'octobre 2017.

Je reviendrai dans un autre article sur notre séjour à Thessalonique.
Donc départ de la Macédoine grecque vers l'ouest de la Bulgarie. Première étape, le monastère de Rojen, tout près de la frontière.



Fondé au haut Moyen-Age, Rojen a été reconstruit au 16e siècle et dépendait du mont Athos. Belle fresque extérieure figurant l'échelle de Jacob, atmosphère enfumée des vieux sanctuaires orthodoxes et odeurs de chais ! Nous sommes dans la région de Melnik, qui produit des vins renommés.




Nous ne manquons pas de déguster ce vin rouge puissant dans une des tavernes du village, sous un grand sycomore. A Melnik on découvre de très belles maisons balkaniques à base de pierre et à pans de bois en encorbellement.

Départ pour le monastère de Rila. Fondé par l'ermite Ivan au 10e siècle, ce grand monastère date dans sa forme actuelle de 1820, si l'on excepte le donjon médiéval conservé. Comme en Russie ou en Serbie, il est entouré de remparts. Haut lieu de la résistance bulgare aux Ottomans dans les années 1870 il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et conserve des collections d'icônes et de manuscrits.



Le tsar Kaloyan et la reine Desislava, mur nord de l'église



Nous passons la soirée dans un petit hôtel tout près du monastère et partons pour Sofia, où nous visitons la petite église de la Bojana, construite au 11e dans le plus pur style byzantin et dont les fresques aux visages expressifs sont considérées comme la première manifestation de la Renaissance en Europe. Ces fresques datent de 1259, 30 ans avant l'oeuvre de Giotto.















Nous quittons Sofia pour visiter le monastère Tcherepinski, dans une vallée du grand Balkan. Charme, rusticité, authenticité.


Près de là, un camion soviétique de marque ZIL !!

Nous reprenons la route vers Sofia puis Kiustendjil, à la frontière macédonienne.

Malheureusement Il est trop tard pour visiter le monastère de Zemen.  One peut qu'admirer l'extérieur de cette église toute simple du 11e qui renferme elle-aussi de précieuses fresques.

Nuit à Kiustendjil, et encore du bon vin !


Nous passons en république de Macédoine le lendemain. Une belle surprise nous attend entre Kriva Palanka et Kumanovo : l'église st Georges de Staro Nagoritchane. Belle architecture et fresques byzantines de qualité dans ce modeste village.









Nous partons vers Skopjé en traversant les villages musulmans qui se trouvent au nord de cette ville. Partout des drapeaux albanais et des blindés de l'armée macédonienne. La minorité musulmane de la Macédoine est travaillée par la propagande albanaise et kosovare, par l'argent des pays du Golfe aussi ! Belles maisons et Mercedes. Quel contraste avec la pauvreté manifeste des villages slaves !

Après des achats de tapis au bazar de Skopjé, nous allons admirer l'église de St Pantéleimon, aux portes de la ville. Cette église est célèbre pour ses fresques byzantines qui préfigurent par leur réalisme l'art des primitifs italiens et de Giotto.


Eglise St Pantéleimon - un apôtre



















Nous passons la nuit à Kumanovo, départ pour la Serbie le lendemain afin de visiter les monastères de Kalenic et et Manasija, à peu près au centre du pays.
Pour atteindre Kalenic, il faut entrer dans la Serbie profonde. On peut admirer en route de belles maisons paysannes traditionnelles, hélas souvent à l'abandon...




Les deux monastères sont du 15e siècle, période dite du Despotat qui voit le royaume serbe se diviser en principautés après la défaire de Kosovo Poljé. Malheureusement, il est interdit de photographier à Kalenic et la soeur tourière veille !!! Belle architecture byzantine tardive, raffinée.. Mais voici le monastère forteresse de Manasija. Donjon, tours de défense, impressionnant !




Nous passons la nuit à Smederevo, au bord du Danube. Ici aussi un vin blanc excellent, le Semederevka et partons le lendemain en direction de la Croatie. Avant Zagreb nous prenons la route vers Rijeka et l'Istrie, en passant par la Krajina, région de Croatie frontalière avec la Bosnie, mais  peuplée de Serbes avant la guerre de 1995. De belles maisons de bois, mais parfois criblées de balles et d'éclats d'obus...

ferme près de Karlovac

Nous trouvons que l'Istrie est un peu trop touristique pour nous...Mais nous admirons la basilique euphrasienne de Porec, ses mosaïques du 6e siècle et ses chapiteaux.







Trieste est désormais toute proche ! Nous dormirons près de Padoue et le lendemain ce sera le retour en France.
L'année prochaine un détour par la Roumanie peut-être.









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