lundi 26 décembre 2022

Tapis albanais

 En se rendant à Tinos par la route il est possible passer par l'Italie et d'embarquer pour Igoumenitsa ou Patras à Ancône ou à Bari ou bien d'emprunter la route des Balkans : Lyon, Trieste, Zagreb, Belgrade, Skopje, Thessalonique et enfin Athènes et le port de Rafina.  C'est au cours d'un de ces voyages que j'ai découvert les tapis albanais au vieux bazar de Skopje. Et que j'en suis devenu amateur au point d'en recouvrir le sol de notre maison de Skalados et d'en faire aussi profiter nos hôtes de la maison de Loutra 




Le bazar de Skopje, en Macédoine du Nord est le bazar d'époque ottomane le plus vaste et le mieux conservé des Balkans. Tout proche de la citadelle de la ville il renferme de vénérables mosquées à minarets pointus, des caravansérails, des couvents de derviches des restaurants en plein air et bien sûr des échoppes : joaillers, serruriers, marchands de vêtements et de tapis tissés, les kilims. 


Bazar de Skopje


Ces kilims sont l'oeuvre de femmes albanophones : les montagnes qui séparent Skopje du Kosovo sont peuplées de Macédoniens albanophones qui ont su conserver savoitr faire et métiers à tisser manuels.

Les couleurs sont vives et contrastées, les rouges et les noirs dominent, les motifs sont le plus souvent géométriques et évoquent les broderies balkaniques que l'on trouve aussi en Bulgarie, en Serbie du sud, en Grèce.

Kilims à Skopje

Il existe en Albanie même d'autres centres de production et de commercialisation de ces kilims. Nous connaissons Koritsa, tout près de Kastoria en Macédoine grecque et surtout rêvons de nous rendre à Kruja, la ville de Skanderbeg située au nord de Tirana ! Kruja est d'après nos amis albanais la vraie capitale des tapis d'Albanie.


Bazar de Kruja


vendredi 23 décembre 2022

Inquiétudes



 Depuis 2016 Tinos reçoit au mois d'août de plus en plus de visiteurs, surtout des vacanciers grecs qui viennent s'ajouter aux étrangers, surtout Français et Suisses et aux Athéniens qui ont leurs racines et souvent leurs maisons dans l'île. Le maximum est atteint aux alentours du 15 Août lorsque les pélerins arrivent à leur tour. Certes ce n'est pas Mykonos...



Cette fréquentation a bien entendu des aspects positifs : elle enrichit Tinos, ses commerçants, ses prestataires de services, ses loueurs de chambres et de maisons (dont je suis), ses taverniers.

Mais la médaille a son revers. Durant deux à trois semaines il est difficile de circuler sur des routes étroites, conçues pour les 8000 habitants permanents de l'île et très difficile de stationner en ville et aux abords des plages les plus populaires. Durant ces semaines les ressources en eau s'épuisent et il faut recourir à des camions citernes pour remplir les réservoirs des villages. D'autant que les possesseurs de piscines (c'est ridicule à quelques Km de la mer !) les remplissent avec le précieux liquide et que certains lavent leurs voitures au jet ! Et puis les fosses septiques n'ont pas été calculées pour la population estivale et seule la ville de Chora dispose d'une station d'épuration. Enfin le ramassage des ordures ménagères ne suit pas et il n'est pas rare de voir les poubelles déborder.

Il faut s'interroger devant cette situation qui affecte toutes les Cyclades. On me dit que c'est pire à Paros ou à Naxos et je suis persuadé que des solutions de régulation existent mais elles sont coûteuses et leur mise en pratique exigerait de la municipalité beaucoup de courage politique. Voici quelques pistes :

- fixer un quota de véhicules à 4 roues en liaison avec les compagnies maritimes en excluant les résidents bien sûr;

- aménager des espaces de stationnement payant, ce qui produirait des fonds pour investir;

- instituer une taxe de séjour pour dégager d'autres ressources;

- interdire la construction de piscines alimentées à l'eau potable et augmenter très sensiblement le prix de ce bien commun pour les gros consommateurs;

- avec ces moyens nouveaux et des subventions à rechercher investir davantage dans le tri sélectif des ordures et dans le ramassage, installer des fosses biologiques dans les villages ( l'industrie grecque est leader dans ce domaine);

- promouvoir l'image d'une île respectueuse de son environnement et de ses traditions, comme le fait Tilos dans le Dodécanèse, pour décourager les seuls fêtards et encourager un tourisme durable.

Sur un autre plan je redoute, durant ces quelques semaines tout au moins, un changement de comportement des Tiniotes, habituellement acceuillants et honnêtes. Beaucoup d'argent à gagner sur une très courte période peut ouvrir la voie à des dérives : hausse subite des prix, baisse de la qualité des relations, promotion du genre de vie mykoniote (nuit à faire la fête, lever à midi, brunch, plage sur un sun bed et rebelote !), avancée de la culture mondialisée, perte des repères et des traditions.


Surtout ne perdons pas notre âme pour quelques poignées d'euros !!!

jeudi 22 décembre 2022

Sculpter le marbre de Tinos

En 2020 mon fils tailleur de pierre, Antonin, m'a offert une trousse d'outils pour sculpter en faible relief, soit une collection de ciseaux au tungstène et une massette. Et il m'a mis le pied à l'étrier pensant que c'est à Tinos et avec le marbre local que son père allait s'exercer.

Bien vu ! il y a dans l'île de nombreuses carrières abandonnées de marbre blanc ou gris où l'on peut trouver encore de jolis morceaux à travailler. En progressant il a fallu ajouter aux outils de base un ciseau fin acheté à Pyrgos, des rifloirs, c'est à dire de petites limes avec lesquelles on commence le polissage et des brosses à polir à adapter sur une visseuse classique. Plus un établi portable, des chiffons et des lunettes pour la protection des yeux.




J'ai modestement commencé par la gravure : Anno domini 1641 (en l'année du Seigneur 1641)  soit la date de la construction de notre pigeonnier de Papadia.

Et puis j'ai osé, raté, cassé et parfois réussi la sculpture de motifs empruntés aux tympans, aux blasons des familles franco-levantines de l'île, aux encadrements de portes et de fenêtres des églises. Des témoignages de l'art populaire de Tinos. Des fragments.

Et je peux vous assurer que c'est une activité passionnente qui m'a donné un réel plaisir ! Dessiner (souvent avec l'aide de Sylvie), reporter le dessin sur la pierre à la pointe sèche, sculpter, polir : voilà les étapes d'une tâche qui mêle travail artistique, travail intellectuel (il faut réfléchir avant chaque coup de ciseau) et effort physique.

Ci-dessous quelques créations de 2021 et 2022.. Un peu d'auto-satisfaction que diable !


Janissaire, figure apotropaïque 

 


L'aigle bicéphale des empereurs byzantins

Navire

Blason de la famille Gripari

Fragment de fenêtre, église de Kato Klisma

Chasseur, figure apotropaïque

Licorne Couvent des Franciscains de Mesi







Articles les plus consultés