vendredi 8 mars 2024

5 itinéraires pour visiter Tinos

Je vous propose de visiter Tinos hors des sentiers battus avec ces itinéraires, dont quatre supposent une voiture ou un 2 roues au départ de Chora et un, pédestre, au départ d'Exombourgo avec retour possible en taxi. La visite de Chora, le port principal de l'île a été informée par un article particulier. Voici le lien : Visiter Chora

Ces propositions permettront la découverte d'une île aux paysages variés, au  riche patrimoine, à la gastronomie renommée et aux belles plages. En route, munis d'une carte souvent fournie par le loueur de véhicules !

Pour compléter ces itinéraires vous pouvez consulter un autre de mes articles : Bons plans à Tinos





Itinéraire 1 : le sud de Tinos

Sortir de la petite ville par la route des villages. Après la station BP continuer tout droit; la route monte vers l'intérieur de Tinos et offre de beaux points de vue. Première halte au village de Triandaros. Parcourir les ruelles de ce beau village orthodoxe, hélas devenu un peu trop touristique. Repartir en direction de Dyo Choria où vous remarquerez une belle fontaine et un café accueillant. Le village suivant, Arnados, est l'un des plus beaux de l'île. Parcourez ses ruelles et ses passages couverts. Vous découvrirez de belles maisons cycladiques et de petites chapelles. Tout près de là se trouve le monastère de Kechrovouni. C'est ici que vivait la nonne Pélagie, l'inspiratrice de la découverte de l'icône miraculeuse de Tinos. Je vous invite à visiter sa cellule (hesychastirio) : c'est un modèle de simplicité et de beauté. Ce monastère ressemble à un village; en effet chaque nonne dispose de sa propre maison, entretient ses fleurs et nourrit ses chats ! Avec un peu de chance vous entendrez les religieuses psalmodier dans l'église. A l'entrée du monastère M. Albertis vend des plantes séchées, des câpres et du miel. Prendre la route de Steni (à droite au carrefour Pentostrato) et le village dépassé, à droite la route de Potamia. Dans un virage serré abandonner la route asphaltée pour une route de béton qui descend à la belle plage de Santa Margarita. En roulant prudemment vous admirerez les pentes du mont Tsiknias, le plus haut sommet de Tinos. Après la baignade vous quitterez Santa Margarita en empruntant à droite une route de béton qui monte vers le Tsiknias et jouirez d'une vue splendide sur la mer Egée et les îles de l'archipel : Naxos, Mykonos, Paros, Amorgos...Retour à Steni par une bonne route asphaltée où vous pourrez vous restaurer à la taverne Douar ou à la taverne Apodrasi. On produit à Steni un des meilleurs vins de Tinos, le Vaptistis.

 Retour vers Chora.


Itinéraire 2 : Le centre de l'île

Cette petite région correspond au vieux centre vénitien et catholique de Tinos. Elle renferme de nombreux villages et de nombreux points d'intérêt. Aussi je lui consacre deux itinéraires. Voici le premier.

Quitter Chora par la rue Alavanou et tourner à gauche après une maison verte. dépassez la route périphérique et montez par jusqu'au village de Tripotamos où vous verrez de belles maisons traditionnelles dont les portes et les fenêtres sont décorées de tympans sculptés, une des caractéristiques de Tinos. Poursuivez par la route principale et tournez à droite vers le village de Ktikados; belles maisons, deux églises, deux tavernes, des vestiges de moulins à vent. Reprenez la route principale et tournez à droite en direction de Komi, Krokos, Volax, puis encore à droite pour visiter le village de Xinara, situé au pied du rocher d'Exombourgo. Belles maisons, cathédrale catholique de l'île, ancien palais de l'évêque catholique, grande maison noble et blasonnée au centre du village, sur la rue principale. Revenez vers la route principale et descendez à droite en direction de Loutra. Ce village, entièrement catholique, renfermait le couvent-école des Ursulines, célèbre dans toute la Grèce et l'Anatolie pour la qualité de son enseignement dispensé en français. Une partie de l'école est devenue la communale des villages voisins, l'autre partie se visite en saison touristique, c'est charmant ! Vous pourrez déguster un café frappé au Serviam, dans l'enceinte de l'école. Loutra renferme en outre le monastère des Jésuites et était le coeur intellectuel de la forte communauté latine. Rejoignez la route principale pour vous rendre à Komi et à Kolimbithra. Komi est un gros village paysan qui vit notamment de la culture des artichauts primeurs. Belles maisons, deux églises, une belle place avec des cafés. Kolimbithra est la plage de cette partie de Tinos. Plusieurs tavernes et cafés. Après la baignade rejoignez Komi et continuez vers Kalloni. Dépassez ce village et montez jusqu'à une éolienne. Vous découvrez la côte ouest de Tinos. Au carrefour prenez la direction de Chora et de Kionia. A Kionia (en grec les colonnes) visitez les vestiges antiques du sanctuaire de Poséidon et d'Amphitrite puis reprenez la route vers Chora. Juste avant de croiser la route périphérique tournez à droite vers la petite église de Stavros. Ici se trouvait le port antique de Tinos. Des colonnes émergent des flots et c'est un site adorable.

Retour à Chora


Itinéraire 3 : La via veneziana

Cette balade, tout en descente, doit être faite à pied. Son point de départ est le sanctuaire jésuite, lieu de pélerinage et de mémoire pour les catholiques grecs. La via veneziana relie l'ancienne capitale de l'île, Exombourgo, à son port, alors San Niccolo, l'actuelle Chora. Elle emprunte une route d'époque vénitienne, d'où son nom.

J'ai écrit un article sur ce site majeur de Tinos qu'est Exombourgo. Pour ne pas me répéter voici le lien qui permet d'y accéder : Exombourgo

Quittez le sanctuaire jésuite et prendre le sentier qui le longe à main gauche. A droite un autre sentier permet de monter au sommet du rocher, parmi les ruines de la forteresse. C'est un chemin facile et la vue est superbe ! Si vous ne tentez pas l'ascension, poursuivez sur le sentier principal en passant sous la chapelle D'Agios Minas et débutez la descente. A mi-pente vous trouverez à droite les fouilles de la ville antique (12ème - 8ème siècle) et à gauche une partie visible de son enceinte en appareil cyclopéen et les vestiges d'un petit temple. Reprenez le chemin principal. Arrivés à une chapelle prenez le sentier de droite. Il domine le village de Xinara et vous conduit au pied de 3 moulins à vent. Contournez les par la gauche et descendez vers la route asphaltée que vous traverserez au niveau d'un pont. Reprenez le sentier sous ce pont. Vous arrivez bientôt à une ancienne fontaine et verrez, à droite, le village ruiné de Kaloumenados, des étables, des pigeonniers, des aires à battre. Le chemin, très bien conservé, révèle ici son dallage soigné et sa pente bien calculée : pensez que l'on hissait par cette route les lourds canons de la forteresse ! Vous arrivez à l'église orthodoxe de la Kyra Xeni (la Madone hospitalière). Cette belle église contient des icônes populaires et une belle sculpture de la vierge à l'enfant. Continuez à descendre vers Chora. La via veneziana conserve toute sa beauté et la vue est magnifique. En haut de Chora vous trouvez les ruines de l'acropole de Tinos qui date du 5è siècle, l'époque classique. Restent les vestiges de deux tours, d'un fossé de défense et surtout des longs murs en appareil hellénique à joints vifs. Ces murs liaient comme entre Athènes et le Pirée la citadelle, la ville et le port de Stavros. Traversez la route périphérique : vous entrez dans Chora par le quartier de Pallada et vous serez bientôt sur le port où un taxi vous conduira vers Exombourgo.


Itinéraire 4 : Le centre de l'île et Volax

Départ de Chora par la route de Tripotamos. Après ce village et le carrefour de Ktikados tournez à droite en direction de Krokos, Komi et Loutra. Peu après Loutra prenez à droite la route qui monte vers Skalados. Belle église, bonne taverne de Zacharias, un bistrot, de bons légumes du jardin chez Konketta et une belle église du 18è siècle. Peu après Skalados tournez à gauche vers Volax : vous arrivez dans un paysage étonnant et grandiose composé de grandes boules de granit gris ! La pétanque des Cyclopes ! Il faut visiter Volax, déjeuner dans l'une des deux tavernes et emporter un panier comme souvenir. Volax est un village de vanniers. Vous quittez Volax et tournez à gauche sur la grande route pour visiter Koumaros, village dominé par le rocher d'Exombourgo. Belles maisons, passages couverts et un café associatif où vous pouvez vous désaltérer en laissant votre obole dans une tirelire ! Je vous propose maintenant de descendre vers la plage de Livada, où le granit de Volax se précipite ans la mer. Quittez Koumaros en direction d'Exombourgo que vous visiterez si vous n'avez pas emprunté l'itinéraire 3. Voici le lien de l'article que j'ai écrit sur l'ancienne capitale de Tinos : Exombourgo . Continuez jusqu'au carrefour de Pentostrato et prenez en face la route de Steni. A la sortie du village prenez à gauche vers Myrsini. Continuez sur quelques Km; la route devient un chemin de terre carrossable à petite vitesse. Voici la superbe plage de Livada, sa petite lagune, ses chèvres quémandeuses et ses tortues !

Retour à Chora par le chemin inverse.


Itinéraire 5 : Le nord de l'île ou l'Exomeria

Le nord de l'île, ou Exomeria (partie en dehors, littéralement) est un petit monde à part. La Tinos paysanne y devient la Tinos du marbre, des carriers, des sculpteurs. Tinos produit en effet un marbre blanc ou gris renommé dès l'Antiquité.

Quittez Chora par la rue Alavanou et la route de Tripotamos. Dépassez la bretelle de Ktikados et prenez à gauche vers Kambos et Pyrgos au carrefour qui conduit à Komi (voir itinéraire précédent). Dépassez le village de Kambos mais allez visiter les pigeonniers du village de Tarampados, où on a su les mettre en valeur, puis reprenez la route principale. A l'éolienne continuez tout droit : une route magnifique en balcon sur la mer vous conduit au village de Kardiani où commence le pays du marbre. Kardiani mérite une visite approfondie. Stationnez sur la place et descendez dans le village. sous l'église catholique buvez à la fontaine, admirez une sculpture où la Vierge nourrit l'enfant à la cuiller et la place avec sa fontaine aux grenouilles. Prenez la rue principale : vieilles maisons accochées à la falaise de marbre. Montez jusqu'à l'église orthodoxe. De son parvis vous jouirez d'une vue exceptionnelle sur l'ouest de l'Egée et sur les carrières qui entourent Kardiani. De Kardiani allez à Isternia puis au col qui domine ce village. Vous y verrez 7 moulins à vent dont un a été restauré et commencez la descente vers Pyrgos. Ce gros village abrite le musée des artistes de Tinos, le tout nouveau musée des arts du marbre, des ateliers de sculpteurs et une école de sculpture renommée. Mais c'est sa place principale, sous un platane plus que centenaire, qui vous charmera. Je pense que c'est une des plus belles de toute la Grèce. N'hésitez pas à déguster un galaktoboureko au café Kentriko. Un délice ! Quittez Pyrgos pour Panormos à 5 Km de là. Panormos était le port par lequel on exportait le marbre, un port industriel. Il est devenu un délicieux port de pêche, un rêve grec, maisons blanches et mer bleue. Déjeunez d'un calamar grillé à la taverne Limanaki puis allez vous baigner à la plage de Rochari, au bout de la route asphaltée. Pour revenir vers Chora empruntez la nouvelle route de la montagne : elle traverse de très beaux paysages. En sortant de Pyrgos en direction d'Isternia tournez à gauche vers Kalloni et Aetofolia. Vous passerez par Koris Pyrgos (la tour de la fille). Une princesse byzantine se serait retirée du monde pour vivre ici dans l'austérité ! Austérité est le bon mot pour décrire ces lieux battus par le vent du nord mais aux paysages grandioses. Passé un petit col vous descendrez vers Aetofolia et son musée de la céramique de Tinos, puis rejoindrez la route vers Komi et Chora. En sortant de Komi les courageux iront visiter le village d'Agapi qui renferme un long passage couvert, la Kamara, et dont la vallée riche en eau regorge de pigeonniers. Markos et son épouse tiennent une excellente taverne sous la Kamara.


N'hesitez pas à commenter ces itinéraires pour que je les améliore.


dimanche 3 mars 2024

Tapis albanais (suite)

 Sylvie et moi sommes revenus quelques jours à Tinos fin février pour entretenir les citronniers de Loutra. Ce voyage d'hiver en voiture était une opportunité idéale pour visiter les Balkans. Donc un aller par Trieste, des arrêts dans les villes de Dalmatie que nous ne connaissions pas encore (Zadar et Sebenik), le Monténégro, l'Albanie et le nord de la Grèce puis un retour par Skopjé, Belgrade et Capodistria. Deux escales pour les tapis : Krujë en Albanie et Skopjé en Macédoine du nord.

A Krujë nous avons dormi à la pension Merlika tout en haut de la ville près du château de Skanderbeg, le héros national albanais, dans une ambiance ottomane !





Mais l'essentiel est le bazar où travaille une tisserande que nous connaissons depuis notre premier passage à l'automne 2023. Elle nous autorise à la photographier au travail sur son métier de haute-lisse. Elle tisse de mémoire des kilims épais en laine. Pas de modèle : le dessin est dans sa tête comme elle le dit elle-même !



On lui achète deux petits kilims pour notre maison de Skalados.




10 jours plus tard, le travail à Tinos accompli, nous allons chez notre marchand habituel de Skopjé, à l'entrée du bazar. Et là aussi on achète deux kilims anciens avec de superbes dessins. Une prouesse technique sans l'aide de la mécanique Jacquard, du lisage, de la mise en carte ! Ces kilims sont moins épais que ceux de Krujë : nous en ferons des tentures.





Nous aimons ces tapis albanais (ou tissés par des Albanaises, en Macédoine du nord) parce qu'ils représentent la culture balkanique et peut-être des traces de la byzantine. Nous pensons qu'il faut soutenir cet artisanat traditionnel que seuls les Albanais semblent conserver. Ce savoir-faire était partagé par les peuples balkaniques de la Crète à la Roumanie, à la Bulgarie et à la Serbie, en passant bien sûr par la Grèce. Les musées ethnographiques de ces pays présentent tous des tapis tissés.

Une photo vue dans un vieux guide Marabout de la Yougoslavie médiévale (1974) montre des kilims comparables au marché de Kotor, au Monténégro. Il n'y en a plus à présent, mais IKEA s'est installé à Belgrade ! Faisons vite !

lundi 8 janvier 2024

Châteaux vénitiens de Naxos et pigeonniers de Tinos

Nous avons passé à Naxos en 1995 notre premier été dans les Cyclades. Naxos était jusqu'en 1537 la capitale du duché vénitien fondé par Marco Sanudo dont dépendaient les îles de Syros, Kythnos, Paros, Milos, Antiparos. Outre les fortifications médiévales de la Chora, on trouve dans la campagne naxiote quelques châteaux latins, dont certains bien conservés et habités, ont été  construits par les seigneurs vénitiens, comme à Halki, Sangri ou près d'Apollonia





Châteaux vénitiens de Naxos

En découvrant Tinos peu de temps après nous avons été surpris de constater des similitudes entre les châteaux naxiotes et les pigeonniers de Tinos. Dans les premiers demeuraient des hommes, dans la plupart des autres des oiseaux mais les formes générales restent proches. Pour la décoration remarquons les merlons d'angle, présents dans les édifices des deux îles. Les pigeonniers tiniotes sont toutefois davantage décorés. Si les pigeonniers vous intéressent je vous propose de lire l'article que je leur ai consacré en 2018 : https://leblog.maisondeloutra.fr/2018/02/lile-des-pigeonniers.html

Pigeonnier à Tinos

Ces constructions témoignent de la domination vénitienne et latine, très longue à Tinos (1207 - 1715), plus brève à Naxos (1206 - 1537). Mais considérons que les Ottomans qui se sont emparés de Naxos et des îles voisines au seizième siècle voulaient avant tout occuper des positions stratégiques pour gêner Venise, recruter des hommes pour leurs galères et lever l'impôt. Ils ont laissé en place la hiérarchie sociale - jusqu'à nommer un duc de Naxos, Joseph Nasci - imposée aux Grecs par les féodaux latins et cette dernière a survécu longtemps  à la disparition du duché en 1580. 


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