samedi 2 décembre 2017

Délices néo-libéraux

Tinos évolue. Et pas toujours dans le bon sens à mon goût !
La Grèce étant devenue ce qu'elle est, à savoir le pays le plus néo-libéral d'Europe, on ne pouvait pas échapper aux manifestations pratiques de cet état de fait. 

L'une des plus cruelles est la baisse des salaires dans le cadre du travail au noir. Dans la pratique une heure de travail peu qualifié était payée 7 EUR il y a 5 ans. A présent c'est 5 EUR seulement. Le manoeuvre ou la femme de ménage gagnent donc 40 à 47 EUR par jour. Puisque nous sommes dans la zone euro le niveau des prix est sensiblement le même qu'en France. Et bien sûr pas de protection sociale et pas de retraite pour ces gens là ! Cerise sur le gâteau aucun souci des conditions de travail, d'hygiène, de sécurité.

Olivier de Serres écrivait dès 1600 dans son Traité d'agriculture :

Quant au salaire du mercenaire, qu'il soit le plus petit possible.

J'ai vu au mois de juin, par une température de 40 degrés et sans le moindre vent, travailler 2 ouvriers agricoles à la plantation d'une vigne, à la bêche et au soleil. Bien entendu ils ruisselaient de sueur et se déshydrataient. Je le leur et ai dit et je les ai invités à cesser le travail et à venir se rafraîchir chez moi. Ils m'ont répondu qu'ils devaient gagner leur pain...

Et pendant ce temps les profits du patron s'envolent !




Reviens Karl !










dimanche 2 avril 2017

Le Myrte vert de Tinos

Le myrte vert est un arbuste aromatique répandu dans les zones humides de Tinos : autour de Volax, où les sols argileux retiennent l'eau, dans la vallée de Livadia, près de Kardiani. Plante de Dionysos et d'Aphrodite pour les Grecs anciens, elle reste de nos jours sacrée, associée au culte des morts.



Myrte vert (Myrtus communis)

On cueille et distille les sommités fleuries en juin et les feuilles en septembre, lorsqu'elles sont gorgées du soleil de l'été. La cueillette est agréable : les arbustes eux-mêmes protègent les cueilleurs des ardeurs du soleil et bien que le rendement soit faible (3/1000, ou 3 ml d'essence pour 1 kg de plante) la facilité de la récolte assure une production convenable d'huile essentielle. Et le Myrte répand une odeur délicieuse !
L'huile essentielle du Myrte vert, d'une belle couleur dorée, est anti-infectieuse et anti-catarrhale. Elle soulage la bronchite et décongestionne le système veineux. Elle est apaisante et prépare au sommeil. Comme celle de l'Hélichryse et de la Carotte sauvage, elle tonifie la peau, combat les rides et prévient leur apparition. On peut en ajouter quelques gouttes à une crème hydratante ou à un masque.
Enfin elle permet la production de parfum en combinaison avec de l'alcool et une goutte d'huile essentielle de Sauge et en diffusion assainit l'atmosphère de la maison.

dimanche 12 mars 2017

Mutations grecques

A un mois de mon départ pour Tinos je souhaite faire part de quelques réflexions concernant l'état du pays.




 Un Etat et un gouvernement hors-sol

Après la déroute du 13 juillet 2015, qui a vu Alexis Tsipras accepter le diktat des créanciers contre le maintien du pays dans la zone Euro, le gouvernement Syriza a progressivement perdu toute légitimité pour la population. Il suffisait d'écouter les conversations dans les cafés de Tinos à l'automne 2016 pour s'en convaincre. Plus que jamais la classe politique est détestée par les Grecs qui ne voient en elle que la marionnette des créanciers et des banquiers. Tsipras après Samaras, Samaras après Papandréou et Papadimos, la chanson est la même. Et chacun sait que l'Etat n'est plus le régulateur de la vie sociale mais un organisme de collecte fiscale au service de l'étranger. Chaque mois qui passe voit se dissoudre le crédit de la chose publique, au rythme des "réformes" imposées que Tsipras avale comme autant d'épaisses couleuvres (saisies immobilières, nouvelle coupes dans les retraites, etc.) comme au rythme des promesses non tenues des "partenaires" européens de la Grèce (la négociation de la dette, désormais suspendue aux élections allemandes).

 Une société civile en mutation

Le peuple grec est touché par la crise depuis 7 ans maintenant. Rappelons quelques chiffres : un quart de la population active est sans travail, le pays a perdu un quart de sa richesse et la dette atteint 180 % du PIB, 30 % des Grecs vivent sous le seuil de pauvreté. Dans de telles conditions rien ne peut plus être comme avant, la vie doit être repensée en fonction de ces données catastrophiques. Et c'est ce qui commence à se produire ! Dans le domaine de la santé par exemple des dispensaires autogérés formés de professionnels bénévoles assurent les missions que l'hôpital public ne peut plus accomplir et se substituent pour partie aux médecins libéraux, trop chers. On assiste dans de nombreux domaines à de véritables inventions sociales qui donnent à réfléchir : cantines sociales, marchés qui voient sans intermédiaires se rencontrer producteurs et consommateurs, crowdfunding, micro-crédit, économie non monétaire, service pour service ou bien pour bien, culture vivante et l'extraordinaire élan de solidarité de ce peuple blessé pour les réfugiés du Moyen-Orient, plus blessés encore ! Comme nous sommes loin en France de cet élan, avec nos murs de moellons et nos voisins vigilants... Et comme tout cela est loin des chantages de l'Eurogroupe ou du FMI.

Bien sûr ces mouvements ont pour théâtre le milieu urbain, Athènes, Thessalonique, Patras, Héraklion, Volos. Issus de la base, du peuple, ils refondent pour partie la société hellénique et je l'espère ne pourront bientôt plus être ignorés. A Tinos tout est moins perceptible, mais dans l'île aussi certains cherchent d'autres voies et les Athéniens racontent. Je porterai fièrement le T-shirt d'un dispensaire autogéré qu'un ami m'a offert !

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