Depuis 2016 Tinos reçoit au mois d'août de plus en plus de visiteurs, surtout des vacanciers grecs qui viennent s'ajouter aux étrangers, surtout Français et Suisses et aux Athéniens qui ont leurs racines et souvent leurs maisons dans l'île. Le maximum est atteint aux alentours du 15 Août lorsque les pélerins arrivent à leur tour. Certes ce n'est pas Mykonos...
Cette fréquentation a bien entendu des aspects positifs : elle enrichit Tinos, ses commerçants, ses prestataires de services, ses loueurs de chambres et de maisons (dont je suis), ses taverniers.
Mais la médaille a son revers. Durant deux à trois semaines il est difficile de circuler sur des routes étroites, conçues pour les 8000 habitants permanents de l'île et très difficile de stationner en ville et aux abords des plages les plus populaires. Durant ces semaines les ressources en eau s'épuisent et il faut recourir à des camions citernes pour remplir les réservoirs des villages. D'autant que les possesseurs de piscines (c'est ridicule à quelques Km de la mer !) les remplissent avec le précieux liquide et que certains lavent leurs voitures au jet ! Et puis les fosses septiques n'ont pas été calculées pour la population estivale et seule la ville de Chora dispose d'une station d'épuration. Enfin le ramassage des ordures ménagères ne suit pas et il n'est pas rare de voir les poubelles déborder.
Il faut s'interroger devant cette situation qui affecte toutes les Cyclades. On me dit que c'est pire à Paros ou à Naxos et je suis persuadé que des solutions de régulation existent mais elles sont coûteuses et leur mise en pratique exigerait de la municipalité beaucoup de courage politique. Voici quelques pistes :
- fixer un quota de véhicules à 4 roues en liaison avec les compagnies maritimes en excluant les résidents bien sûr;
- aménager des espaces de stationnement payant, ce qui produirait des fonds pour investir;
- instituer une taxe de séjour pour dégager d'autres ressources;
- interdire la construction de piscines alimentées à l'eau potable et augmenter très sensiblement le prix de ce bien commun pour les gros consommateurs;
- avec ces moyens nouveaux et des subventions à rechercher investir davantage dans le tri sélectif des ordures et dans le ramassage, installer des fosses biologiques dans les villages ( l'industrie grecque est leader dans ce domaine);
- promouvoir l'image d'une île respectueuse de son environnement et de ses traditions, comme le fait Tilos dans le Dodécanèse, pour décourager les seuls fêtards et encourager un tourisme durable.
Sur un autre plan je redoute, durant ces quelques semaines tout au moins, un changement de comportement des Tiniotes, habituellement acceuillants et honnêtes. Beaucoup d'argent à gagner sur une très courte période peut ouvrir la voie à des dérives : hausse subite des prix, baisse de la qualité des relations, promotion du genre de vie mykoniote (nuit à faire la fête, lever à midi, brunch, plage sur un sun bed et rebelote !), avancée de la culture mondialisée, perte des repères et des traditions.
Surtout ne perdons pas notre âme pour quelques poignées d'euros !!!