dimanche 3 décembre 2023

Roches de Tinos

 La diversité des paysages de Tinos interpelle : en quelques centaines de mètres tout change ! Et c'est surprenant sur une île de petite taille : 30 Km du nord au sud, 10 d'est en ouest. C'est la nature des roches, associée bien sûr à la présence ou à l'absence d'eau et à l'exposition au soleil, qui détermine ces changements.

Donc un peu de géologie s'impose. Je ne suis pas un savant géologue et ces derniers voudront bien me pardonner le caractère sommaire de ce post. C'est la découverte, au fil des sentiers de lieux surprenants, de roches torturées, de minéraux, qui m'a conduit à partager ce texte et ces photos. C'est aussi un article purement scientifique qu M. B..., un de nos locataires, m'a aimablement communiqué. J'espère avoir tout compris !



La plupart des roches de Tinos sont métamorphiques; cela signifie que des matériaux de base comme le calcaire ou l'argile ont été soumis il y a plusieurs millions d'années à des contraintes importantes de température et de pression et se sont métamorphosés pour le calcaire en marbre et pour l'argile en schistes et surtout en micaschistes.

L'origine de ce métamorphisme est à rechercher du côté de Volax et de Falatados. Là on observe un important gisement de granit que l'érosion découpe en boules parfois énormes. On pense à Polyphème le cyclope de l'Odyssée jetant des quartiers de rocher sur Ulysse et ses marins !
Ce granit provient directement du magma. Sa montée a brisé l'écorce terrestre.




On imagine avec peine ce mouvement colossal : les terrains de base ont été retournés, calcinés, broyés. Des filons de quartz, de malachite et d'azurite se sont formés, colorant les marbres. Et du talc, des rognons de fer, et de la bauxite.
Le calcaire, très présent dans la région de Pyrgos, est passé par diverses étapes donnant des marbres à grain fin, à grain grossier, des quartzites enfin.
L'argile est devenue micaschiste dans le centre et le sud de Tinos. C'est la roche la plus fréquente.

Voici quelques photos prises sur la côte est de l'île, au nord du golfe de Kolimbitra. Un lieu magique tout près de la mer mais d'accès difficile !











lundi 26 décembre 2022

Tapis albanais

 En se rendant à Tinos par la route il est possible passer par l'Italie et d'embarquer pour Igoumenitsa ou Patras à Ancône ou à Bari ou bien d'emprunter la route des Balkans : Lyon, Trieste, Zagreb, Belgrade, Skopje, Thessalonique et enfin Athènes et le port de Rafina.  C'est au cours d'un de ces voyages que j'ai découvert les tapis albanais au vieux bazar de Skopje. Et que j'en suis devenu amateur au point d'en recouvrir le sol de notre maison de Skalados et d'en faire aussi profiter nos hôtes de la maison de Loutra 




Le bazar de Skopje, en Macédoine du Nord est le bazar d'époque ottomane le plus vaste et le mieux conservé des Balkans. Tout proche de la citadelle de la ville il renferme de vénérables mosquées à minarets pointus, des caravansérails, des couvents de derviches des restaurants en plein air et bien sûr des échoppes : joaillers, serruriers, marchands de vêtements et de tapis tissés, les kilims. 


Bazar de Skopje


Ces kilims sont l'oeuvre de femmes albanophones : les montagnes qui séparent Skopje du Kosovo sont peuplées de Macédoniens albanophones qui ont su conserver savoitr faire et métiers à tisser manuels.

Les couleurs sont vives et contrastées, les rouges et les noirs dominent, les motifs sont le plus souvent géométriques et évoquent les broderies balkaniques que l'on trouve aussi en Bulgarie, en Serbie du sud, en Grèce.

Kilims à Skopje

Il existe en Albanie même d'autres centres de production et de commercialisation de ces kilims. Nous connaissons Koritsa, tout près de Kastoria en Macédoine grecque et surtout rêvons de nous rendre à Kruja, la ville de Skanderbeg située au nord de Tirana ! Kruja est d'après nos amis albanais la vraie capitale des tapis d'Albanie.


Bazar de Kruja


vendredi 23 décembre 2022

Inquiétudes



 Depuis 2016 Tinos reçoit au mois d'août de plus en plus de visiteurs, surtout des vacanciers grecs qui viennent s'ajouter aux étrangers, surtout Français et Suisses et aux Athéniens qui ont leurs racines et souvent leurs maisons dans l'île. Le maximum est atteint aux alentours du 15 Août lorsque les pélerins arrivent à leur tour. Certes ce n'est pas Mykonos...



Cette fréquentation a bien entendu des aspects positifs : elle enrichit Tinos, ses commerçants, ses prestataires de services, ses loueurs de chambres et de maisons (dont je suis), ses taverniers.

Mais la médaille a son revers. Durant deux à trois semaines il est difficile de circuler sur des routes étroites, conçues pour les 8000 habitants permanents de l'île et très difficile de stationner en ville et aux abords des plages les plus populaires. Durant ces semaines les ressources en eau s'épuisent et il faut recourir à des camions citernes pour remplir les réservoirs des villages. D'autant que les possesseurs de piscines (c'est ridicule à quelques Km de la mer !) les remplissent avec le précieux liquide et que certains lavent leurs voitures au jet ! Et puis les fosses septiques n'ont pas été calculées pour la population estivale et seule la ville de Chora dispose d'une station d'épuration. Enfin le ramassage des ordures ménagères ne suit pas et il n'est pas rare de voir les poubelles déborder.

Il faut s'interroger devant cette situation qui affecte toutes les Cyclades. On me dit que c'est pire à Paros ou à Naxos et je suis persuadé que des solutions de régulation existent mais elles sont coûteuses et leur mise en pratique exigerait de la municipalité beaucoup de courage politique. Voici quelques pistes :

- fixer un quota de véhicules à 4 roues en liaison avec les compagnies maritimes en excluant les résidents bien sûr;

- aménager des espaces de stationnement payant, ce qui produirait des fonds pour investir;

- instituer une taxe de séjour pour dégager d'autres ressources;

- interdire la construction de piscines alimentées à l'eau potable et augmenter très sensiblement le prix de ce bien commun pour les gros consommateurs;

- avec ces moyens nouveaux et des subventions à rechercher investir davantage dans le tri sélectif des ordures et dans le ramassage, installer des fosses biologiques dans les villages ( l'industrie grecque est leader dans ce domaine);

- promouvoir l'image d'une île respectueuse de son environnement et de ses traditions, comme le fait Tilos dans le Dodécanèse, pour décourager les seuls fêtards et encourager un tourisme durable.

Sur un autre plan je redoute, durant ces quelques semaines tout au moins, un changement de comportement des Tiniotes, habituellement acceuillants et honnêtes. Beaucoup d'argent à gagner sur une très courte période peut ouvrir la voie à des dérives : hausse subite des prix, baisse de la qualité des relations, promotion du genre de vie mykoniote (nuit à faire la fête, lever à midi, brunch, plage sur un sun bed et rebelote !), avancée de la culture mondialisée, perte des repères et des traditions.


Surtout ne perdons pas notre âme pour quelques poignées d'euros !!!

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