lundi 2 mars 2015

Exombourgo

Encore la fondation Laskaridis ! Je viens d'y dénicher des estampes, dont une peu connue, représentant la vieille ville vénitienne de Tinos et sa citadelle d'Exombourgo.
Avant la reddition de 1715 - le 18e siècle voit la quasi disparition de l'empire maritime de Venise en mer Egée - une véritable ville, le Borgo, occupait les pentes raides de ce rocher stratégique, en dedans et au delà des murailles bastionnées. 

Le botaniste français Pitton de Tournefort s'y rendit en 1701 pour étudier la flore de l'archipel. Il y dénombrait 500 maisons (contre 100 à San Niccolo, l'actuelle Chora), les couvents de plusieurs ordres religieux latins, dont les Jésuites, plusieurs églises dont un Domo et le palais du gouverneur vénitien, le proveditore. La forteresse, le Castello di Santa Elena, était armée de 40 canons de bronze braqués vers la mer et gardée par 14 mercenaires de Venise, parmi lesquels il dénombra une moitié de Français.
Exombourgo était l'oeil de Venise dans les Cyclades ! Lorsque les Turcs, en 1536 raflèrent la plupart des îles, ils échouèrent devant Tinos, si puissamment fortifiée par un élève de Francesco di Giorgio, Maregiti, en 1564.
Capitale de l'île, Exombourgo en commandait le réseau routier comme on le voit sur la carte de Francesco Basilicata (1618) qui mentionne les chemins : Strada che si va a Lutra (Loutra) a Chiecro (Kechros), a San Niccolo (Chora)...
En 1714 la Porte décida de reconquérir le Péloponnèse repris par les Vénitiens à la suite de la guerre de la Sainte-Ligue (1685 - 1687) et d'en finir avec Tinos. Démoralisé par l'entrée des troupes turques dans le territoire vénitien, et par les sentiments mitigés de la population orthodoxe, le provéditeur Balbi livra Exombourgo le 7 juin 1715 aux marins des 80 vaisseaux ottomans venus l'assiéger. Ils s'empressèrent de démanteler la forteresse et les murailles. Les habitants, emportant les pierres des maisons, peuplèrent le petit port de San Niccolo, promu chef-lieu de Tinos. Exombourgo tomba dans l'oubli.

Olfert Dapper, 1688 
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Francesco Basilicata, 1618

lundi 23 février 2015

Une photo de 1919...

...prise par le photographe suisse Frédéric Boissonnas dans le village de Kardiani à Tinos me ramène vers le patrimoine de l'île ! Le document a été mis en ligne par la fondation Ekaterini Laskaridis d'Athènes, que j'admire pour son travail culturel.


Nous voilà dans une maison traditionnelle "dans son jus". Au premier plan le grand arc de pierre qui soutient le toit de la maison, haut d'environ 4 m, et sépare le salon en 2 parties. cet arc, comme toute la maison est soigneusement crépi. On imagine volontiers sur le piédroit gauche des images religieuses. Au fond, la porte d'entrée et 2 fenêtres symétriquement disposées font entrer un torrent de lumière. Porte et fenêtres sont surmontées de tympans ou hyperthyra bien caractéristiques de l'île. A droite, derrière la femme assise, un canapé traditionnel de bois de cèdre tourné, un coffre recouvert d'un tapis, une table ronde, des chaises paillées semblables à celles des tavernes. A gauche, un autre coffre et vraisemblablement un lit. Les murs sont nus, austères, comme les deux femmes vêtues de robes sombres. La plus âgée porte un fichu.
Simplicité, austérité, beauté, sérénité !

dimanche 22 février 2015

L'eurogroupe du 20 février


Vendredi 20 février, l'Eurogroupe trouvait un accord avec la Grèce; en substance, la Grèce a obtenu 4 mois de financement mais doit conserver un excédent budgétaire primaire légèrement en deçà de ce qu'il était sous Samaras. Les réformes de ce dernier sont maintenues. La Troïka revient pour contrôler le gouvernement grec, affublée d'un faux nez. Point positif, ce sont les Grecs qui ont désormais l'initiative des lois, plus la Troïka. Une fenêtre s'ouvre.
Quant à la dette, on en discutera plus tard.
D'après un ami d'Athènes, la rue grecque est abasourdie.

Dans tous les cas il ne fallait pas compter sur la moindre bienveillance des Allemands; la politique dogmatique qu'ils mènent leur profite trop pour qu'ils l'abandonnent, seule la perspective d'une nouvelle crise les a amenés à desserrer un peu le dernier bouton du col de la chemise ! 
Alexis Tsipras cherchait des alliés, il ne les a pas trouvés, ni en Italie, ni en France où les socialistes "blairisés" passent leur temps sous les jupes de la chancelière. Il y avait là une occasion unique de changer la donne en Europe, et elle n'a pas été saisie par manque de courage. Le paysage politique français est en ruine : l'UMP est sur le point d'éclater, idem pour le PS, le tout sous l'oeil attentif de Marine le Pen en embuscade. Le PS français risque de disparaître, comme vient de disparaître le PASOK grec, miné par ses mensonges et ses reniements.



Le seul point positif de l'accord, outre l'arrimage à l'Euro (je persiste à penser que dans la Grèce désindustrialisée la sortie de la monnaie unique serait la pire des catastrophes puisqu'il faudrait importer presque tous les produits industriels), est la perspective de la construction d'un Etat juste en Grèce, déterminé à lutter contre la fraude et la corruption. Le pari d'Alexis Tsipras est de remplacer les économies faites sur le dos du peuple par des recettes fiscales nouvelles assises sur les riches. Et ça il faut le faire.

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