lundi 6 février 2017

Maisons paysannes de l'Exomeria

L'Exomeria est la région du nord de Tinos. Littéralement, le mot signifie "partie en dehors". En effet l'Exoméria est séparée du reste de l'île par la chaîne de Pateles et on y accède par des cols. De ce fait la région n'est pas dominée par la forteresse d'Exombourgo et un gros village, Pyrgos (à l'époque vénitienne La Torre) fait figure de chef-lieu.
Au sud-est du bassin de Pyrgos la montagne dégringole dans la mer, créant ainsi des pentes raides très exposées au redoutable vent du nord, le Vorias. Fortes pentes et exposition au vent se conjuguent pour rendre cette zone défavorable à l'occupation humaine. Aussi a-t-elle été abandonnée par les habitants dans les décennies qui encadrent le second conflit mondial.
Il n'y avait pas de villages dans cette zone austère mais une multitude de hameaux composés de maisons occupées en permanence ou lors des gros travaux des champs par les paysans et les bergers : Karaboussa, Agios Antonios, Agia Paraskevi, Koris Pyrgos, le seul qui revive maintenant, du moins en été, etc., toujours localisés près d'un point d'eau. Car l'eau qui descend de Pateles abonde.

Le hameau de Karaboussa


Ce sont les restes d'habitats et les témoignages de l'activité agricole ancienne qui vont maintenant nous intéresser.



Les maisons, ou mieux les katikiès, ces maisons de plain-pied servant d'abri temporaire sont le plus souvent construites comme les bergeries : les murs "grossissent" au sommet et c'est là que l'on pose horizontalement les grandes lauzes qui forment le toit.




A l'intérieur on va systématiquement trouver un foyer toujours remarquablement bien construit et tout à côté des niches pratiquées dans la maçonnerie. Ces niches servaient de placards pour les provisions et le matériel de cuisine. A l'extérieur la cheminée est un simple trou parfois couvert d'une jarre percée pour améliorer le tirage.

Et un lit de pierre pour tout meuble !


Très souvent on trouve aussi un pressoir par foulage, le patitiri  et un rakizio, c'est à dire le réfrigérant de l'alambic dans lequel on fabriquait le marc local, le raki. Chaque famille faisait en effet son vin et son alcool.


Le pressoir par foulage se compose d'une cuve de pierre dans laquelle on dépose les grappes et d'un bassin pour l'écoulement du moût. On se déchausse et on foule aux pieds !


Les rafles fermentées sont distillées dans l'alambic familial, en cuivre et parfois en poterie. Le nez de l'alambic était plongé dans un réservoir d'eau formé de plaques savamment maçonnées pour assurer la condensation des vapeurs chargées d'alcool.


Au dehors, des bergeries, bien sûr et des aires à battre le grain, les alonia. Les ânes écrasaient les épis moissonnés à la faucille et extrayaient ainsi les grains qui étaient séparés du son par le grand vent de l'Exoméria.


Souvent aussi des loges de ruches avec parfois des ruches locales de terre cuite conservées.


Enfin des objets de la vie rurale traditionnelle, comme cette pierre taillée pour entraîner l'écoulement du petit lait ou cet abreuvoir creusé dans la pierre. Des objets simples et émouvants.





Après avoir visité Pyrgos et dégusté du galaktoboureko dans un des cafés de la place du Platane n'hésitez-pas, bien chaussés, à vous engager sur les sentiers presque inconnus de l'Exoméria !


mercredi 1 février 2017

Moulins à eau de Tinos

Des moulins à eau dans les Cyclades ? Impossible, trop sec ! Pourtant j'en connais deux à Tinos, dans le village d'Agapi, un dans celui de Perastra, un près de Lychnaftia et je vous invite à découvrir les vestiges d'un moulin récemment découvert qui se trouve sur le ruisseau de Falatados, entre le village et le lieu-dit Manganari.
Expatrié en Grèce
Bien sûr il n'y a pas à Tinos de rivière motrice digne de ce nom et l'ingéniosité paysanne a dû inventer une forme particulière de moulin dont les caractéristiques principales sont :
- un vaste bassin de rétention des eaux;
- une grande hauteur de chute, qui permet à l'eau d'agir par sa vitesse acquise et par son poids;
- une roue à axe vertical et à augets -comme souvent en Méditerranée- qui reçoivent directement le choc de l'eau venant du conduit de chute. Une ancêtre de la roue Pelton !

Le bassin de rétention
A Falatados le bassin de rétention est une enceinte maçonnée, autrefois crépie (il reste des traces d'enduit) pour l'étanchéité. Le sol du bassin est couvert d'argile imperméable. Cette enceinte est liée à un ruisseau minuscule, intermittent, affluent de celui du fond de la vallée. Evidemment, le bassin se remplissait en hiver et au printemps et son eau était conservée jusqu'à la moisson. Juste au dessus du conduit de chute, on trouve la vanne de pierre.


Le conduit, que l'on peut assimiler à une moderne conduite forcée, est en pierre et soigneusement enduit. Cet enduit est bien conservé.


A proximité des augets de la roue, le conduit se resserre. Malheureusement la roue n'existe plus. Sans doute était-elle construite en bois, avec le minimum de parties métalliques.
Mais son axe est encore là.
Au dessus de la chambre de la roue, les meules à farine en pierre volcanique (Santorin, Milos ?) sont toujours en place.

La chambre des meules


Le tout est complété par un déversoir : les eaux rejoignaient ainsi leur exutoire, le ruisseau de Falatados.

Fabuleuse Tinos si riche de son patrimoine paysan ! Tout près de là, une fontaine ruinée et son indestructible colonne...


lundi 23 janvier 2017

Retour balkanique

Les pays balkaniques nous fascinent; ils sont géographiquement proches de nous et éloignés de nos standards ! Depuis la Grèce, on ressent un vrai dépaysement une fois passée la frontière macédonienne à Guevgelija. Un autre milieu : population slave et albanaise, alphabet cyrillique, influence ottomane persistante, un pays de monastères orthodoxes, de panneaux indéchiffrables, de paysans en tracteur. On adore !

Expatrié en Grèce
En octobre 2016 Sylvie et moi sommes rentrés de Tinos en France par la Macédoine, la Serbie du sud et le Monténégro, à la recherche de Byzance !

Véhicule courant en Macédoine, région de Stip

D'abord le site antique et paléochrétien de Stobi, dans la vallée du Vardar, sur la voie romaine qui unissait Naissus (Nis) à Thessalonique. Mosaïques superbes, notamment celle du baptistère. Nous sommes dans les traces de Constantin le Grand !



Nuit à l'hôtel à Kumanovo et visite du monastère saint Gabriel de Lesnovo, fondation des premiers rois serbes. Monastère fortifié, un rempart protège l'église et les bâtiments monastiques. Fresques byzantines du 14e, dont l'une représente le tsar Dusan, montagnes sauvages, maisons traditionnelles slaves.







Il y a beaucoup à découvrir en Macédoine : voici un excellent guide-fil : https://visiter-macedoine.fr/

Nous passons en Serbie pour visiter le monastère de Miliseva au sud-ouest du pays, près du Monténégro. Nuit à Nova Varos.


 Miliseva est célèbre pour la fresque de l'ange du sourire qui accueille les saintes femmes venues faire la toilette mortuaire du Christ. Lui sait qu'il est ressuscité ! L'église renferme la châsse de saint Sava, le premier patriarche de Serbie.


Nous passons au Monténégro. Sur la route de Podgoriça voici le petit monastère de Moraça.


Traversée du haut plateau calcaire (des sauges partout !); un spectacle magnifique nous attend : les Bouches de Cattaro sont à nos pieds. Ici l'Adriatique a pénétré dans les profondes vallées montagnardes en créant un fjord méditerranéen. Cattaro est la meilleure rade des Balkans.

Le fjord de Cattaro




Nous ne quitterons plus désormais la côte adriatique où l'influence de Venise est très sensible, comme dans la ville de Kotor ou dans celle de Perast. Nuit à Herceg-Novi et route en direction de Dubrovnik, eu sud de la Croatie.



Perast

Dubrovnik est le nom slave de l'ancienne Raguse,
république maritime rivale de Venise et vassale des sultans ottomans. La ville ancienne est intacte, mais on y retrouve le tourisme de masse et les insupportables amateurs de la perche à selfie...


Au reste comme à Split où le palais de Dioclétien semble être sous occupation asiatique !

Palais de Dioclétien













Une nuit dans la belle ville de Trogir, Venise, Venise !!!


Mais la France et l'hiver nous attendent...Une nuit de rêve à l'agriturismo Corte di Trembaccia, près de Padoue. La vie de château, éphémère !












Puis le vieux Scudo fidèle pour la route restante !



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