lundi 1 janvier 2018

Escapade balkanique

Aller de Tinos en France via la Bulgarie, la république de Macédoine, la Serbie et la Croatie ne va pas de soi mais permet la découverte de nouveaux pans du patrimoine des Balkans. C'est dans cet état d'esprit qu'Antonin, Sylvie et moi avons pris la route, dans notre vieux Scudo fidèle à la fin d'octobre 2017.

Je reviendrai dans un autre article sur notre séjour à Thessalonique.
Donc départ de la Macédoine grecque vers l'ouest de la Bulgarie. Première étape, le monastère de Rojen, tout près de la frontière.



Fondé au haut Moyen-Age, Rojen a été reconstruit au 16e siècle et dépendait du mont Athos. Belle fresque extérieure figurant l'échelle de Jacob, atmosphère enfumée des vieux sanctuaires orthodoxes et odeurs de chais ! Nous sommes dans la région de Melnik, qui produit des vins renommés.




Nous ne manquons pas de déguster ce vin rouge puissant dans une des tavernes du village, sous un grand sycomore. A Melnik on découvre de très belles maisons balkaniques à base de pierre et à pans de bois en encorbellement.

Départ pour le monastère de Rila. Fondé par l'ermite Ivan au 10e siècle, ce grand monastère date dans sa forme actuelle de 1820, si l'on excepte le donjon médiéval conservé. Comme en Russie ou en Serbie, il est entouré de remparts. Haut lieu de la résistance bulgare aux Ottomans dans les années 1870 il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et conserve des collections d'icônes et de manuscrits.



Le tsar Kaloyan et la reine Desislava, mur nord de l'église



Nous passons la soirée dans un petit hôtel tout près du monastère et partons pour Sofia, où nous visitons la petite église de la Bojana, construite au 11e dans le plus pur style byzantin et dont les fresques aux visages expressifs sont considérées comme la première manifestation de la Renaissance en Europe. Ces fresques datent de 1259, 30 ans avant l'oeuvre de Giotto.















Nous quittons Sofia pour visiter le monastère Tcherepinski, dans une vallée du grand Balkan. Charme, rusticité, authenticité.


Près de là, un camion soviétique de marque ZIL !!

Nous reprenons la route vers Sofia puis Kiustendjil, à la frontière macédonienne.

Malheureusement Il est trop tard pour visiter le monastère de Zemen.  One peut qu'admirer l'extérieur de cette église toute simple du 11e qui renferme elle-aussi de précieuses fresques.

Nuit à Kiustendjil, et encore du bon vin !


Nous passons en république de Macédoine le lendemain. Une belle surprise nous attend entre Kriva Palanka et Kumanovo : l'église st Georges de Staro Nagoritchane. Belle architecture et fresques byzantines de qualité dans ce modeste village.









Nous partons vers Skopjé en traversant les villages musulmans qui se trouvent au nord de cette ville. Partout des drapeaux albanais et des blindés de l'armée macédonienne. La minorité musulmane de la Macédoine est travaillée par la propagande albanaise et kosovare, par l'argent des pays du Golfe aussi ! Belles maisons et Mercedes. Quel contraste avec la pauvreté manifeste des villages slaves !

Après des achats de tapis au bazar de Skopjé, nous allons admirer l'église de St Pantéleimon, aux portes de la ville. Cette église est célèbre pour ses fresques byzantines qui préfigurent par leur réalisme l'art des primitifs italiens et de Giotto.


Eglise St Pantéleimon - un apôtre



















Nous passons la nuit à Kumanovo, départ pour la Serbie le lendemain afin de visiter les monastères de Kalenic et et Manasija, à peu près au centre du pays.
Pour atteindre Kalenic, il faut entrer dans la Serbie profonde. On peut admirer en route de belles maisons paysannes traditionnelles, hélas souvent à l'abandon...




Les deux monastères sont du 15e siècle, période dite du Despotat qui voit le royaume serbe se diviser en principautés après la défaire de Kosovo Poljé. Malheureusement, il est interdit de photographier à Kalenic et la soeur tourière veille !!! Belle architecture byzantine tardive, raffinée.. Mais voici le monastère forteresse de Manasija. Donjon, tours de défense, impressionnant !




Nous passons la nuit à Smederevo, au bord du Danube. Ici aussi un vin blanc excellent, le Semederevka et partons le lendemain en direction de la Croatie. Avant Zagreb nous prenons la route vers Rijeka et l'Istrie, en passant par la Krajina, région de Croatie frontalière avec la Bosnie, mais  peuplée de Serbes avant la guerre de 1995. De belles maisons de bois, mais parfois criblées de balles et d'éclats d'obus...

ferme près de Karlovac

Nous trouvons que l'Istrie est un peu trop touristique pour nous...Mais nous admirons la basilique euphrasienne de Porec, ses mosaïques du 6e siècle et ses chapiteaux.







Trieste est désormais toute proche ! Nous dormirons près de Padoue et le lendemain ce sera le retour en France.
L'année prochaine un détour par la Roumanie peut-être.









samedi 30 décembre 2017

L'île du Vent

Quand Ulysse revint de Troie, son bateau fut secoué par une violente tempête qui le conduisit vers la Sicile. Mais Éole -qui résidait dans l'île de Lipari, tout près de là- lui donna une outre où étaient enfermés les vents contraires. Conformément à ce qu'Éole lui avait recommandé, Ulysse ordonna à ses compagnons de ne pas ouvrir l'outre. Malheureusement, ces curieux (des Grecs !) voulurent voir ce qu'elle contenait et l'ouvrirent ; les vents contraires s'échappèrent alors précipitamment et se déchaînèrent en tous sens. Ils perdirent le contrôle du bateau et se retrouvèrent à Tinos... Où le botaniste Pitton de Tournefort signale en 1701 une caverne d'Eole parmi les curiosités locales.




Et depuis les temps homériques, sans doute, le vent du nord arrose généreusement les îles d'Andros, de Tinos, de Mykonos et accessoirement les autres Cyclades.

Le vent du nord, le Meltemi, est une bénédiction en été. Il rafraîchit les îles qui ignorent l'atmosphère étouffante de la Grèce continentale. Mais à Tinos le Meltemi devient le Vorias et souffle fréquemment à 6 Beaufort et parfois à 7, soit à 60 / 80 Km/h, ce qui peut être assez désagréable... Notons tout de même que les valeurs supérieures à 7 Beaufort sont réservées aux mois d'hiver. Le Vorias est assez puissant pour courber les chênes, tordre les portières des voitures et même provoquer des phénomènes d'érosion éolienne.



Soyons pratiques : si vous détestez le vent ne venez pas à Tinos; si vous ne souhaitez que vous baigner, ne venez pas à Tinos, le Vorias refroidit la mer et projette le sable ! Au reste c'est sur le littoral qu'il est le plus violent et les plages abritées sont rares.
En revanche il permet en plein coeur de l'été grec de se balader agréablement dans le centre de l'île qui est davantage préservé de ses assauts ou de se promener dans les villages, tous superbes ! Il favorise en un mot un tourisme alternatif, dégagé du diktat de la bronzette.

Quelles sont les périodes les moins ventées ? Généralement le mois de juillet est plus calme que celui d'août, et en août la première quinzaine est la meilleure. Si vous pouvez venir en juin ou en septembre, c'est encore mieux, il y a peu de vent et vous ne rencontrerez presque que des Grecs.

Un dernier mot pour les motards. Je déconseille d'utiliser un 2 roues si le vent est supérieur à 5 Beaufort. Le danger vient des rafales qui peuvent vous faire dévier. Gare alors au véhicule qui arrive en face !

samedi 2 décembre 2017

Délices néo-libéraux

Tinos évolue. Et pas toujours dans le bon sens à mon goût !
La Grèce étant devenue ce qu'elle est, à savoir le pays le plus néo-libéral d'Europe, on ne pouvait pas échapper aux manifestations pratiques de cet état de fait. 

L'une des plus cruelles est la baisse des salaires dans le cadre du travail au noir. Dans la pratique une heure de travail peu qualifié était payée 7 EUR il y a 5 ans. A présent c'est 5 EUR seulement. Le manoeuvre ou la femme de ménage gagnent donc 40 à 47 EUR par jour. Puisque nous sommes dans la zone euro le niveau des prix est sensiblement le même qu'en France. Et bien sûr pas de protection sociale et pas de retraite pour ces gens là ! Cerise sur le gâteau aucun souci des conditions de travail, d'hygiène, de sécurité.

Olivier de Serres écrivait dès 1600 dans son Traité d'agriculture :

Quant au salaire du mercenaire, qu'il soit le plus petit possible.

J'ai vu au mois de juin, par une température de 40 degrés et sans le moindre vent, travailler 2 ouvriers agricoles à la plantation d'une vigne, à la bêche et au soleil. Bien entendu ils ruisselaient de sueur et se déshydrataient. Je le leur et ai dit et je les ai invités à cesser le travail et à venir se rafraîchir chez moi. Ils m'ont répondu qu'ils devaient gagner leur pain...

Et pendant ce temps les profits du patron s'envolent !




Reviens Karl !










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