dimanche 3 mars 2024

Tapis albanais (suite)

 Sylvie et moi sommes revenus quelques jours à Tinos fin février pour entretenir les citronniers de Loutra. Ce voyage d'hiver en voiture était une opportunité idéale pour visiter les Balkans. Donc un aller par Trieste, des arrêts dans les villes de Dalmatie que nous ne connaissions pas encore (Zadar et Sebenik), le Monténégro, l'Albanie et le nord de la Grèce puis un retour par Skopjé, Belgrade et Capodistria. Deux escales pour les tapis : Krujë en Albanie et Skopjé en Macédoine du nord.

A Krujë nous avons dormi à la pension Merlika tout en haut de la ville près du château de Skanderbeg, le héros national albanais, dans une ambiance ottomane !





Mais l'essentiel est le bazar où travaille une tisserande que nous connaissons depuis notre premier passage à l'automne 2023. Elle nous autorise à la photographier au travail sur son métier de haute-lisse. Elle tisse de mémoire des kilims épais en laine. Pas de modèle : le dessin est dans sa tête comme elle le dit elle-même !



On lui achète deux petits kilims pour notre maison de Skalados.




10 jours plus tard, le travail à Tinos accompli, nous allons chez notre marchand habituel de Skopjé, à l'entrée du bazar. Et là aussi on achète deux kilims anciens avec de superbes dessins. Une prouesse technique sans l'aide de la mécanique Jacquard, du lisage, de la mise en carte ! Ces kilims sont moins épais que ceux de Krujë : nous en ferons des tentures.





Nous aimons ces tapis albanais (ou tissés par des Albanaises, en Macédoine du nord) parce qu'ils représentent la culture balkanique et peut-être des traces de la byzantine. Nous pensons qu'il faut soutenir cet artisanat traditionnel que seuls les Albanais semblent conserver. Ce savoir-faire était partagé par les peuples balkaniques de la Crète à la Roumanie, à la Bulgarie et à la Serbie, en passant bien sûr par la Grèce. Les musées ethnographiques de ces pays présentent tous des tapis tissés.

Une photo vue dans un vieux guide Marabout de la Yougoslavie médiévale (1974) montre des kilims comparables au marché de Kotor, au Monténégro. Il n'y en a plus à présent, mais IKEA s'est installé à Belgrade ! Faisons vite !

lundi 8 janvier 2024

Châteaux vénitiens de Naxos et pigeonniers de Tinos

Nous avons passé à Naxos en 1995 notre premier été dans les Cyclades. Naxos était jusqu'en 1537 la capitale du duché vénitien fondé par Marco Sanudo dont dépendaient les îles de Syros, Kythnos, Paros, Milos, Antiparos. Outre les fortifications médiévales de la Chora, on trouve dans la campagne naxiote quelques châteaux latins, dont certains bien conservés et habités, ont été  construits par les seigneurs vénitiens, comme à Halki, Sangri ou près d'Apollonia





Châteaux vénitiens de Naxos

En découvrant Tinos peu de temps après nous avons été surpris de constater des similitudes entre les châteaux naxiotes et les pigeonniers de Tinos. Dans les premiers demeuraient des hommes, dans la plupart des autres des oiseaux mais les formes générales restent proches. Pour la décoration remarquons les merlons d'angle, présents dans les édifices des deux îles. Les pigeonniers tiniotes sont toutefois davantage décorés. Si les pigeonniers vous intéressent je vous propose de lire l'article que je leur ai consacré en 2018 : https://leblog.maisondeloutra.fr/2018/02/lile-des-pigeonniers.html

Pigeonnier à Tinos

Ces constructions témoignent de la domination vénitienne et latine, très longue à Tinos (1207 - 1715), plus brève à Naxos (1206 - 1537). Mais considérons que les Ottomans qui se sont emparés de Naxos et des îles voisines au seizième siècle voulaient avant tout occuper des positions stratégiques pour gêner Venise, recruter des hommes pour leurs galères et lever l'impôt. Ils ont laissé en place la hiérarchie sociale - jusqu'à nommer un duc de Naxos, Joseph Nasci - imposée aux Grecs par les féodaux latins et cette dernière a survécu longtemps  à la disparition du duché en 1580. 


vendredi 29 décembre 2023

Requiem pour Wolfgang Schäuble

L'ex ministre des finances allemand en fonction lors de l'acmé de la crise grecque s'est éteint le 26 décembre à l'âge de 81 ans. Je ne tire pas sur les corbillards mais je pense indécents les hommages appuyés du président Macron, de la première ministre Borne et de divers membres du gouvernement français. Schäuble aurait été un grand ami de la France ! Le silence des autorités grecques est préférable.


Qui était Wolfgang Schäuble ? D'abord un ordo-libéral, c'est à dire un partisan du libéralisme économique encadré par des règles strictes : pas d'intervention de l'Etat dans l'économie, la concurrence libre et non faussée, la rigueur budgétaire la plus rigide. Et rien du tout sur une harmonisation sociale et fiscale dans l'UE. L'anti Keynes.

Ensuite un anti démocrate, comme son compère Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne en 2015. Le peuple grec avait dans cet été compliqué voté par référendum contre l'austérité imposée par la commission, le FMI et la BCE. Les Grecs se sont vu rétorquer par M. Schäuble que « Les élections ne peuvent pas être autorisées à changer la politique économique ». M. Juncker avait déclaré au même moment qu' « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Il évoquait précisément le sinistre traité de Maastricht fondateur d'une Europe basée sur le seul marché, opposée aux intérêts des peuples. 

Dans l'Union européenne les peuples sont donc exclus des décisions économiques qui scellent leur avenir.

L'Europe, la plus grande démocratie de la planète ? Auf wiedersehen Wolfgang Schäuble !


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