Mon épouse et moi étions à Tinos à la fin de février. Par une belle journée déjà printanière nous nous sommes rendus à Agios Phylaktos, la dernière des plages de la baie de Kolimbitra d'où nous avons vu tourner les pales de trois éoliennes installées pendant l'hiver à Prasa, sur la chaîne de Pateles. Des éoliennes assez discrètes -mâts de 55 m, pales de 40- mais vues de loin !
Les éoliennes de Prasa |
Rentré en France j'ai relu l'excellent article d'Anastasia Psaltis publié par le Petit journal de Tinos en mars 2021. Cet ingénieur dévoile la sauce à laquelle Tinos et les Cyclades vont être mangées.
Voici le lien : https://lepetitjournaldetinos.gr/eoliennes-tinos-se-revolte-pourquoi-2/
A Tinos la prochaine étape verra l'installation de 15 éoliennes géantes à Marlas avec des mâts de 150 m. A terme ce sont 77 sites qui pourraient recevoir des éoliennes sur notre île.
Les autres Cyclades ne sont pas oubliées -sauf Mykonos ?- : 235 machines à Naxos et dans les petites Cyclades, 68 à Amorgos, 105 à Paros, etc.
En 2023 date prévue pour l'interconnexion des Cyclades avec le continent; les îles pourraient produire 332 MW, soit l'équivalent du tiers d'une centrale nucléaire française mais avec une différence fondamentale : les réacteurs des centrales tournent constamment, les éoliennes uniquement en cas de vent et en fonction de la force de ce dernier.
Cet inconvénient majeur n'a pas posé de problèmes à l'autorité grecque de régulation énergétique (PAE) qui octroie les licences d'exploitation des parcs éoliens depuis 2010. En pratique l'Etat grec a délégué à cet organisme l'exécution des directives européennes contenues dans le troisième "paquet" énergétique de l'UE de 2009.
Et le parlement grec a transformé ces directives en lois nationales : la loi 3851/2010 permet sans aucune restriction la construction de parcs éoliens, la dernière loi sur l'environnement (4685/2020) a encore simplifié et accéléré les procédures, empêchant pratiquement les pouvoirs locaux de s'opposer efficacement à l'installation de parcs industriels. Le maire de Tinos en a fait les frais.
Dit d'une autre manière les Tiniotes et tous les habitants des Cyclades ont perdu la maîtrise de leurs territoires dans le cadre de cet enchaînement désormais classique : directives européennes issues d'un pouvoir qui n'a rien de démocratique, soumission des institutions nationales, délégation à une agence technocratique, concession à des sociétés privées dont le seul but est d'engraisser leurs actionnaires.
l'Europe, la plus grande démocratie de la planète ???