samedi 30 avril 2016

Chasser Tsipras du pouvoir

Retour du Grexit dans la presse internationale sur fond de brouille entre le FMI et les bailleurs d'Europe (CE, BCE et MES). Le premier souhaite une diminution nominale de la dette et doute de voir le budget grec en excedent de 3,5% du PIB en 2017, les seconds ne veulent pas entendre parler de coupes dans la dette. Le mot doit rester l'apanage des vieux Grecs, qui le subissent dans leurs retraites que le FMI veut voir passer de 384 a 350 EUR...
Une bonne occasion de faire la paix entre requins est de s'arranger sur le dos du petit poisson; on demande donc au gouvernement grec de voter des coupes conditionnelles dans les budgets sociaux. Si les fameux 3,5% restaient hors d'atteinte, ces textes seraient mis en application. Et en attendant pas un centime pour la Grece qui doit payer de lourdes sommes en juillet prochain. Le garrot, on a vu !
Mais Tsipras renacle : il n'y a rien qui impose cela dans l'accord du 13 juillet 2015, mais la nouvelle toika ne recule pas devant l'abus de pouvoir, vae victis, et la constitution grecque ne connaitrait pas de lois reposant sur des "si" !
Pourquoi tout cela ? Tout simplement un faux nez pour chasser Tsipras du pouvoir. S'il accepte, il en fait autant que la droite, s'il refuse, il relance la crise. Et au parlement grec il ne dispose que de 3 voix de  plus que l'opposition conduite par le dernier de la dynastie Mitsotakis, un homme de confiance, lui !
Suivons attentivement l'affaire tandis que se profile un nouveau scrutin en Espagne

mardi 8 mars 2016

Capitulation morale

Les termes du projet d'accord entre l'UE et la Turquie envisagé le 7 mars sont les suivants si j'ai bien compris :
- la Turquie reprendrait tous les migrants entrés illégalement en Grèce via son territoire, qu'il puissent prétendre au statut de réfugié (Syriens et Irakiens, issus de pays en guerre) ou non (les migrants économiques, Pakistanais par exemple);
- elle renverrait vers l'UE les réfugiés ayant fait la demande de ce statut officiel, régi par la convention de Genève, sur son sol dans la proportion de 1 pour 1 (1 Syrien renvoyé de Grèce par exemple contre un Syrien venu d'un des camps établis en Turquie);
- l'UE se voit demander 3 milliards d'EUR supplémentaires, une concession sur les visas de court séjour au bénéfice des citoyens turcs et la reprise des pourparlers sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Un pauvre en Turquie coûte moins cher qu'en Grèce, dont la monnaie est l'Euro, le marché sera vraisembablement  accepté.

Ce projet est une véritable capitulation morale : l'UE rejette sur un pays qui joue sa partition dans la guerre de Syrie la responsabilité de la gestion de dizaines de milliers d'êtres humains désemparés. L'UE donne sa confiance à un Etat autoritaire qui piétine la liberté de la presse, brutalise sa population kurde, et entretient des relations troubles avec le groupe Etat islamique. L'UE lui accorde néanmoins la qualification de pays sûr !
L'UE entérine pratiquement la fermeture des frontières balkaniques, piégeant des milliers de gens dans la boue d'Idoméni.

Pourquoi ? Avant tout pour protéger l'Europe du nord-ouest et assurer le pouvoir de ses dirigeants, Merkel, de Rutte, Juncker et consorts, mis à mal par les réactions de rejet des réfugiés/migrants qui se manifestent en Allemagne et en Europe centrale, son hinterland. Donc les droits de l'homme, on s'en fout dans la plus grande démocratie de la planète. On passe la patate chaude à Erdogan. Qu'il s'occupe de tous ces pauvres puisqu'on va le payer pour ça ! Qu'il vide la Grèce. Et qu'on en entende plus parler. Ce sera sous contrôle, et d'une main de fer.
Et puis, dans la mesure où l'Europe est depuis les négociations avec la Grande-Bretagne une Europe à la carte, sans principes ni idéal communs, et qu'elle compte des Orban et des Kaczynski, on peut bien accepter Erdogan dans le club !

vendredi 26 février 2016

l'Europe de la honte

Ce que l'on diagnostiquait il y a quelques semaines, à savoir le blocage des réfugiés/migrants venus de Turquie en Grèce est en train de se réaliser sous nos yeux : bouclage de la Macédoine, entraînant celui de la Serbie, de la Croatie et fermeture de la frontière autrichienne. Vienne prétend ainsi envoyer un "signal fort" aux migrants, de nature "à en réduire le flux".
Donc à les enfermer en Grèce sans le dire évidemment.
Les instances européennes sont déboussolées, la France absente.

Mais qu'attendent des Grecs les Européens du nord bourgeoisement installés dans leur égoïsme ? Qu'ils coulent les embarcations de fortune ? Qu'ils organisent des camps dans le Dodécanèse et en Macédoine ?
On attend qu'ils se débrouillent, qu'ils gardent leurs pauvres parmi les pauvres (on refuse parallèlement au gouvernement Tsipras l'institution d'une retraite plancher de ...384 EUR, moins que le RSA français). Et on ne fait rien pour aider le malheureux pays, attendant tout d'une Turquie dont les intérêts ne sont pas clairs, en Syrie comme dans les Balkans.
On pressent une crise humanitaire. Mais il faudrait agir pour la juguler et cesser de s'enfermer comme de tergiverser.

On est en droit de redouter un rebond de la crise économique en Grèce. Comme l'indique le gouverneur de la banque nationale, Ioannis Stournaras, la crise migratoire et la débâcle de la cohésion européenne inquiètent les investisseurs. Le tourisme, seconde activité de la Grèce, pourrait se trouver lourdement pénalisé.

L'Autriche et ses séides, c'est l'Europe de la honte.

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