lundi 2 mars 2015

Exombourgo

Encore la fondation Laskaridis ! Je viens d'y dénicher des estampes, dont une peu connue, représentant la vieille ville vénitienne de Tinos et sa citadelle d'Exombourgo.
Avant la reddition de 1715 - le 18e siècle voit la quasi disparition de l'empire maritime de Venise en mer Egée - une véritable ville, le Borgo, occupait les pentes raides de ce rocher stratégique, en dedans et au delà des murailles bastionnées. 

Le botaniste français Pitton de Tournefort s'y rendit en 1701 pour étudier la flore de l'archipel. Il y dénombrait 500 maisons (contre 100 à San Niccolo, l'actuelle Chora), les couvents de plusieurs ordres religieux latins, dont les Jésuites, plusieurs églises dont un Domo et le palais du gouverneur vénitien, le proveditore. La forteresse, le Castello di Santa Elena, était armée de 40 canons de bronze braqués vers la mer et gardée par 14 mercenaires de Venise, parmi lesquels il dénombra une moitié de Français.
Exombourgo était l'oeil de Venise dans les Cyclades ! Lorsque les Turcs, en 1536 raflèrent la plupart des îles, ils échouèrent devant Tinos, si puissamment fortifiée par un élève de Francesco di Giorgio, Maregiti, en 1564.
Capitale de l'île, Exombourgo en commandait le réseau routier comme on le voit sur la carte de Francesco Basilicata (1618) qui mentionne les chemins : Strada che si va a Lutra (Loutra) a Chiecro (Kechros), a San Niccolo (Chora)...
En 1714 la Porte décida de reconquérir le Péloponnèse repris par les Vénitiens à la suite de la guerre de la Sainte-Ligue (1685 - 1687) et d'en finir avec Tinos. Démoralisé par l'entrée des troupes turques dans le territoire vénitien, et par les sentiments mitigés de la population orthodoxe, le provéditeur Balbi livra Exombourgo le 7 juin 1715 aux marins des 80 vaisseaux ottomans venus l'assiéger. Ils s'empressèrent de démanteler la forteresse et les murailles. Les habitants, emportant les pierres des maisons, peuplèrent le petit port de San Niccolo, promu chef-lieu de Tinos. Exombourgo tomba dans l'oubli.

Olfert Dapper, 1688 
annuaire blog
Francesco Basilicata, 1618

lundi 23 février 2015

Une photo de 1919...

...prise par le photographe suisse Frédéric Boissonnas dans le village de Kardiani à Tinos me ramène vers le patrimoine de l'île ! Le document a été mis en ligne par la fondation Ekaterini Laskaridis d'Athènes, que j'admire pour son travail culturel.


Nous voilà dans une maison traditionnelle "dans son jus". Au premier plan le grand arc de pierre qui soutient le toit de la maison, haut d'environ 4 m, et sépare le salon en 2 parties. cet arc, comme toute la maison est soigneusement crépi. On imagine volontiers sur le piédroit gauche des images religieuses. Au fond, la porte d'entrée et 2 fenêtres symétriquement disposées font entrer un torrent de lumière. Porte et fenêtres sont surmontées de tympans ou hyperthyra bien caractéristiques de l'île. A droite, derrière la femme assise, un canapé traditionnel de bois de cèdre tourné, un coffre recouvert d'un tapis, une table ronde, des chaises paillées semblables à celles des tavernes. A gauche, un autre coffre et vraisemblablement un lit. Les murs sont nus, austères, comme les deux femmes vêtues de robes sombres. La plus âgée porte un fichu.
Simplicité, austérité, beauté, sérénité !

dimanche 22 février 2015

L'eurogroupe du 20 février


Vendredi 20 février, l'Eurogroupe trouvait un accord avec la Grèce; en substance, la Grèce a obtenu 4 mois de financement mais doit conserver un excédent budgétaire primaire légèrement en deçà de ce qu'il était sous Samaras. Les réformes de ce dernier sont maintenues. La Troïka revient pour contrôler le gouvernement grec, affublée d'un faux nez. Point positif, ce sont les Grecs qui ont désormais l'initiative des lois, plus la Troïka. Une fenêtre s'ouvre.
Quant à la dette, on en discutera plus tard.
D'après un ami d'Athènes, la rue grecque est abasourdie.

Dans tous les cas il ne fallait pas compter sur la moindre bienveillance des Allemands; la politique dogmatique qu'ils mènent leur profite trop pour qu'ils l'abandonnent, seule la perspective d'une nouvelle crise les a amenés à desserrer un peu le dernier bouton du col de la chemise ! 
Alexis Tsipras cherchait des alliés, il ne les a pas trouvés, ni en Italie, ni en France où les socialistes "blairisés" passent leur temps sous les jupes de la chancelière. Il y avait là une occasion unique de changer la donne en Europe, et elle n'a pas été saisie par manque de courage. Le paysage politique français est en ruine : l'UMP est sur le point d'éclater, idem pour le PS, le tout sous l'oeil attentif de Marine le Pen en embuscade. Le PS français risque de disparaître, comme vient de disparaître le PASOK grec, miné par ses mensonges et ses reniements.



Le seul point positif de l'accord, outre l'arrimage à l'Euro (je persiste à penser que dans la Grèce désindustrialisée la sortie de la monnaie unique serait la pire des catastrophes puisqu'il faudrait importer presque tous les produits industriels), est la perspective de la construction d'un Etat juste en Grèce, déterminé à lutter contre la fraude et la corruption. Le pari d'Alexis Tsipras est de remplacer les économies faites sur le dos du peuple par des recettes fiscales nouvelles assises sur les riches. Et ça il faut le faire.

samedi 31 janvier 2015

A la croisée des chemins

L'Europe se trouve à la croisée des chemins, grâce au peuple grec qui a élu Alexis Tsipras. Que fera le président Hollande, que fera le premier ministre Renzi ? La France et l'Italie pèsent plus lourd en Europe que l'Allemagne et ses satellites. Un peu de courage, un peu de keynésianisme pour ces deux-là et Supermario pourra faire le reste, et par dessus la cour de Karlsruhe, accorder le large crédit qui historiquement parlant a conclu toutes les crises, enterrant ces années noires qui ont fait le malheur du peuple grec : des salaires à 380 €, des retraites à 200, et des prix légèrement inférieurs à ceux que l'on connaît ici, en France ! Vous imaginez les dégâts ? et les jeunes sacrifiés avec 60 % de chômeurs, et la mortalité infantile. 
Soutenons Alexis pour que l'Europe change, soit à nouveau l'espoir, la paix, l'amitié entre les peuples et non plus un club de financiers.

dimanche 11 janvier 2015

Aux racines de l'Etat grec, démocratie ou république ?


Parlant de la Grèce les Français disent volontiers que l'Etat n'y est pas suffisamment construit, que nombre d'institutions ne sont qu'une façade, que l'arbitraire des fonctionnaires est une plaie etc. Et il y a du vrai dans tout cela.
La Grèce moderne est née en 1830, second Etat des Balkans (après la Serbie) à arracher son indépendance à l'Empire ottoman, l'homme malade de l'Europe. Encore cette indépendance ne concernait-elle qu'un morceau de la Grèce contemporaine, soit le Péloponnèse, les Cyclades, l'Attique, la Beotie. Cette situation explique par exemple l'absence de cadastre : dans l'empire turc, la plupart des terres des Balkans appartenaient au sultan (terres miri) qui les attribuait sous forme timar (sorte de seigneurie non héréditaire) à ses janissaires et à ses spahis. De simples diplômes suffisaient. Le premier royaume hellénique, celui d'Otton de Bavière a plaqué une façade néo-classique sur une réalité balkanique : une monarchie parlementaire animée par une oligarchie grecque occidentalisée et représentant de plus les intérêts des puissances tutélaires, sans vrai contact avec la réalité populaire. Il y avait alors un parti russe, un parti anglais et même un parti français ! Pas vraiment de quoi construire un Etat moderne. Le premier qui s'y soit essayé, Ioannis Capodistrias, l'a payé de sa vie, abattu à Nauplie en 1831, peut être à l'initiative des Anglais qui voyaient en lui un agent du tsar...


Le Parlement hellénique à Athènes



Mais l'insuffisance de l'Etat néo-hellénique pourrait avoir des racines plus anciennes, antérieures à la prise en main de l'empire byzantin par les Turcs au XVe siècle. Il faut remonter à Rome et à l'Antiquité grecque.
Rome a construit un Etat (Res publica, chose publique), dont nous avons fait république. Cet Etat n'était pas démocratiquement géré, que ce soit à l'époque républicaine ou à l'époque impériale. Mais il produisait un droit normatif auquel l'empereur lui-même était tenu de se soumettre. De nombreux fonctionnaires étaient chargés de l'appliquer dans toute l'étendue du monde romain, de la Bretagne à l'Egypte.
Les Grecs ont construit, à Athènes et à Sparte des démocraties de citoyens égaux (mais dont femmes, métèques et esclaves étaient exclus). Démocratie est composé de deux mots : dimos, le dème, la tribu et par extension le peuple de la tribu, et kratia, le fait de tenir et par extension le pouvoir. Dans l'Athènes classique, le pouvoir suprême était exercé par le peuple des citoyens assemblés sur la colline de la Pnyx émettant des votes souverains dans presque tous les domaines. Cette souveraineté s'exerçait sur un territoire limité, l'Attique. Avec des nuances il en était de même à Sparte pour le Péloponnèse, à Thèbes pour la Béotie, etc.. Ces cités Etats étaient limitées à un petit territoire et elles cultivaient une certaine aversion envers les fonctions publiques, dont les titulaires étaient investis de mandats courts. Des démocraties de clocher, très vivantes, mais incapables de durer. Toutes les cités, fréquemment en guerre entre elles, furent soumises sans peine par Philippe de Macédoine, puis par Rome au IIe siècle.

Des démocraties pour glorieuse tradition mais pas d'unité, le progressif éloignement des valeurs romaines durant les derniers siècles de Byzance, l'organisation de tous les chrétiens des Balkans en nation religieuse (millet) par les Ottomans, un pays sous influence étrangère et dominé par la conquête de son unité au XIXe siècle, par les crises et les drames au XXe, font de la Grèce moderne une construction fragile, inachevée sous une façade brillante. Il faut maintenant construire un Etat juste en Grèce.

jeudi 8 janvier 2015

Il a neigé à Tinos


Il a beaucoup neigé à Tinos ces jours derniers ! Après un forte tempête (110 km/h) dans la nuit du nouvel an suivie d'un violent orage, la neige est tombée en abondance les dimanche 4 et lundi 5 janvier, transformant les paysages familiers de l'île en décor de Noël et donnant à la mer Egée des allures d'océan arctique.
Mon ami Jean-Luc actuellement dans le village de Potamia fait état d'une coupure d'électricité de 48 h, de 40 cm de neige lourde, capable de casser les branches des oliviers, de terrasses écroulées, d'un froid glacial apporté par un vent du nord qui souffle encore maintenant à 7 Beaufort (70 km/h).
Je pense aux amis paysans de Skalados, Marios, Iosif, Iorgos qui doivent s'épuiser à porter du fourrage à leurs bêtes disséminées dans la montagne !
Point positif, la reconstitution des réserves d'eau. Après deux années de pluies insuffisantes les nappes phréatiques vont se remplir et la fontane de Papadia couler à nouveau.
J'emprunte les photos qui suivent au diaporama Tinos snow mis en ligne par info@tinos.biz

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dimanche 4 janvier 2015

Angela maintenant !


On attendait les propos de la chancelière, les voilà publiés dans le Spiegel du samedi 3 janvier : si les Grecs donnent la majorité à Syriza, si Syriza remet en cause la politique de rigueur budgétaire l'Allemagne laissera la Grèce sortir de la zone euro. Nouvelle preuve de l'ingérance intolérable de Berlin dans le débat public hellénique.
Raisonnons un peu : la situation est peu différente de celle de 2012 du point de vue des pays de la zone euro. Si la Grèce doit quitter la monnaie unique, démontrant ainsi l'absence de solidarité financière en Europe, les marchés financiers vont sanctionner les pays les plus fragiles en leur imposant des taux d'intérêt plus élevés. Italie, Espagne (convalescente parait-il), Belgique, France vont avoir du mal à se financer et il va falloir imposer aux populations de ces pays de nouveaux sacrifices : baisse des prestations sociales et hausse des impôts avec pour conséquence des investissements et  une croissance en berne. Ca va faire mal ! Et cerise sur la gâteau une Grèce revenue à la drachme paiera sa dette dans une monnaie dévaluée ou ne paiera pas du tout.
Du point de vue des Grecs la situation est différente de celle de 2012 : la situation économique du peuple a empiré, le chômage explosé, la grande pauvreté s'est développée. Les "réformes"  de la Troïka mises en oeuvre par Antonis Samaras n'ont touché que les purs salariés et les retraités, l'injustice devant l'impôt est toujours là. Ils vont porter Syriza au pouvoir. Ils n'ont plus peur !

Comment en sortir ? Vraisemblablement la position allemande restera ce qu'elle est. Les pays du Sud, dont la France, endettés, voyant le danger feront-ils pression sur la chancelière ? Vu la tendance sociale libérale prise par les socialistes français et par les démocrates de Matteo Renzi en Italie je n'y crois pas vraiment.
Non, c'est la BCE qui tient la solution. Il lui faut racheter massivement la dette de la Grèce en surmontant l'opposition allemande et suivre l'exemple des banques centrales japonaise et américaine. Au nom de quoi nous interdirions-nous cette pratique qui réussit chez les autres ? Encore un effort M. Draghi.

mardi 30 décembre 2014

Les sirènes de Berlin et de Bruxelles


Les sirènes de Berlin et de Bruxelles vont chanter aux oreilles du peuple grec la chanson du votez bien, entonnée par Samaras, Moscovici, Schäuble, Juncker ! La chanson des menaces : sortie de l'Euro, peut-être de l'Europe si les législatives de janvier février 2015 portent Syriza au pouvoir. La chanson des promesses : réduction de la dette, inévitable, atténuation de l'austérité, relance... Mais que veulent donc les Grecs ? La fin de la misère populaire et du chômage d'abord, un système fiscal juste, pour que les riches paient leur part, le respect enfin des engagements européens. Il avait été promis au gouvernement Samaras une renégociation de la dette si l'objectif d'un excédent budgétaire était atteint. Il a été atteint, au prix d'une nouvelle augmentation des impôts et rien n'est venu ! Samaras s'est trouvé dans une situation intenable, entre son peuple et les créanciers. Il a précipité les échéances.
Que les Grecs votent librement. Je trouve les ingérences étrangères insupportables, digne d'une situation semi-coloniale. S'ils choisissent Syriza, j'applaudirai, surtout si les Portugais, Espagnols et Italiens renversent à leur tour la table et en finissent avec des politiques à courte vue qui ne fonctionnent qu'au profit de l'Allemagne et de ses satellites.
Attention, en Europe du sud, le terme Europe devient un gros mot, comme celui de réforme en France. Alors que l'Europe devrait nous faire tous rêver et nourrir nos enthousiasmes.
Un bémol toutefois : puisque je vis en Grèce et du tourisme, je redoute une nouvelle saison pourrie, semblable à celle de 2012.

parlement grec

dimanche 28 décembre 2014

Un site archéologique ou une illusion ?


Toujours les balades, jamais je ne me lasserai de marcher à Tinos ! L'île est si diverse.
Un jour de septembre 2014, je pars de Basara (route d'Aetofolia à Pyrgos, carrefour Agioi Anargyroi, s'arrêter devant la troisième chapelle, sentier muletier à gauche de la chapelle) en direction du sommet de Tourli, bien décidé à rejoindre la mer. Cette zone est très sauvage, abandonnée depuis longtemps à cause de sa rudesse et de la pauvreté de ses sols. Au sommet de Tourli on trouve une église ruinée, fait rarissime à Tinos. Face à cette église, en direction de la mer, on aperçoit une ancienne exploitation de pierre à talc. De là on monte jusqu'à un col, entre 2 mamelons pierreux qui dominent la baie déserte de Madrisias. Au loin dominant la mer, un "axachas", amas de rochers de calcite dévorés par le soleil.


Je prends à gauche en direction du mamelon le plus élevé et là, à mon grand étonnement,  je trouve des centaines de tessons de poterie, anses, goulots, débris de corps de vases. Un four de potier ici ? Curieux, la montagne est toute nue, pas un arbre, et la mer bien loin pour recevoir du combustible. Et puis pas d'argile. Je cherche le four sans succès. Et je rencontre les restes d'un mur cyclopéen ! Certes, ce n'est pas Mycènes mais tout de même je pense à une enceinte archaïque appareillée en très gros blocs, un peu comme à Exombourgo.



Plus haut le mamelon prend des allures de forteresse : d'ici on domine tout l'est de l'Egée. Je continue jusqu'au cap Madrisias : impressionnantes falaises qui surplombent une mer d'encre. Milieu minéral. Beaucoup de fleurs de crocus à safran, comme en Macédoine !


Le soir tombe, je dois rentrer. En octobre toute la famille retourne à Madrisias. Et nous hésitons entre un site archéologique ignoré ou une pure illusion.

vendredi 12 décembre 2014

Situation politique en Grèce

Voici le texte d'une dépêche AFP du 9 décembre 2014 reprise par Le Petit Journal d'Athènes, la newsletter des expatriés français en Grèce :

"La Grèce est entrée mardi dans une période d’incertitude politique marquée par un plongeon inédit de la Bourse, après l'annonce d'une présidentielle anticipée pouvant, en cas d'échec du candidat officiel, entraîner des législatives et l’arrivée au pouvoir du parti anti-austérité Syriza.

Ce scénario, et la crainte d'un détricotage des réformes en cas d'arrivée au pouvoir de Syriza, a fait céder 12,78% mardi à la Bourse d'Athènes, une chute inédite en 27 ans sur une seule séance.Lundi soir, le gouvernement grec a annoncé sans crier gare qu'il accélérait le calendrier de la présidentielle qui doit désigner le successeur de Carolos Papoulias, 85 ans, avec un premier tour avancé de deux mois, au 17 décembre.Mardi, au cours d'une brève allocution, le Premier ministre conservateurs Antonis Samaras a annoncé que le candidat proposé par le gouvernement était Stavros Dimas, 73 ans, membre de son parti Nouvelle Démocratie (droite), ancien commissaire européen à l'Emploi puis à l'Environnement dans les années 2000 et bref ministre des Affaires étrangères de novembre 2011 à mai 2012.En Grèce, en effet, ce sont les députés qui votent sur le nom du candidat proposé traditionnellement par le parti au pouvoir. Le scrutin peut compter jusqu'à trois tours, prévus les 17, 23 et 29 décembre.Aux deux premiers tours, le candidat doit réunir deux tiers des 300 députés pour être élu. Au troisième tour, la majorité requise tombe à trois cinquièmes. Mais cette majorité de 180 députés est encore très élevée pour un gouvernement de coalition droite-socialistes qui, dimanche encore, sur le vote du budget, n'a rassemblé que 155 voix.Le caractère consensuel de Stavros Dimas, qui, selon le chef du gouvernement, rassemble "au-delà des préférences partisanes" et "inspire le sérieux, la confiance et le respect", pourrait ne pas suffire à réunir 180 voix.Les analystes de la banque Citi jugent déjà "très improbable que le gouvernement actuel parvienne à réunir ce niveau de soutien".Si la désignation par le Parlement échoue, il faudra aller aux législatives anticipées durant l'hiver.Or le gouvernement de coalition d'Antonis Samaras, qui a mis en place depuis 2012, sous l'égide de la troïka (BCE, UE et FMI), toutes les réformes souhaitées par ces créanciers en échange de 240 milliards d'euros de prêts, est détesté par une partie du pays, et le parti de la Gauche radicale anti-austérité Syriza est en tête des sondages. Syriza a adouci son discours ces dernières semaines, avec notamment une visite de plusieurs responsables aux banquiers de la City de Londres, mais les marchés sont inquiets d'un possible abandon des réformes économiques.Mardi, le parti s'est félicité d'une décision qui était "une nécessité, pas un choix", et a prédit que le processus aboutirait à la mise en place sous sa direction "d'un gouvernement de salut national en 2015"."Le risque d'un retour de bâton politique et d'un renversement des réformes est très réel", ont estimé dans une note les analystes de la banque Berenberg.La convocation surprise de la présidentielle, un coup de poker pour M. Samaras, arrive juste au moment où le pays a négocié avec le reste de la zone euro une extension de deux mois de son plan de soutien, qui devait s'achever fin décembre.Cette date-butoir était impossible à tenir, la troïka n'ayant déjà pas approuvé le budget. Pour l'instant, le versement de la dernière tranche de 1,8 milliard d'euros promise par l'UE au pays est suspendu.Certains commentateurs se demandaient mardi si ce ne sont pas les créanciers eux-mêmes qui ont poussé le gouvernement Samaras à sa décision, pour lever l'hypothèque d'un possible changement de gouvernement.Le journal des Rédacteurs (gauche) titrait ainsi mardi sur "Les urnes de Bruxelles", assurant que le vote anticipé avait été annoncé "sur ordre de la troïka".La réaction des marchés et le plongeon de la Bourse d'Athènes pourraient, paradoxalement, ne pas déplaire à Antonis Samaras qui avait déjà utilisé en octobre d'un hoquet du marché pour accuser Syriza de risquer la "déstabilisation" du pays."

Que penser de cette partie de poker menteur ? Il est bien possible que la troïka ne veuille plus d'un gouvernement Samaras usé jusqu'à la corde. Possible aussi qu'Alexis Tsipras soit "allé à la soupe". Le tout dans la nécessité de renverser la spirale déflationniste. Vos avis sont précieux !

mardi 2 décembre 2014

Retour en France et réflexions sur Tinos


Nous sommes rentrés en France le premier novembre, en famille et en voiture, via le Péloponnèse, l'Epire et l'Italie du sud. Visite bien agréable de Mycènes, Corinthe, Némée, Epidaure à peu près désertés par les touristes, vu l'époque.
Parlons un peu de tourisme précisément. 2014 a été pour nous une saison en demi-teinte : presque plus d'activité après le 15 août ! Et nous ne sommes pas les seuls : certains n'ont presque pas loué.
Et la presse internationale, relayée le gouvernement d'Athènes parle de la résurrection du tourisme en Grèce. Que se passe-t-il ?
La baisse générale des salaires grecs et une conjoncture politique défavorable en Tunisie et en Turquie ont en effet dopé les réservations des complexes hôteliers "all inclusive" de Crète, du golfe de Corinthe, de Mykonos, etc. Ces destinations sont en mesure de proposer des tarifs attractifs, "low cost", et elles ont fait le plein ! Malgré les dégâts environnementaux qu'elles provoquent.
Et ce n'est pas fini. La nouvelle loi hellénique sur le tourisme inclut la fin de la zone publique littorale. Concrètement, cette dernière qui était de 50 m va être réduite à ... 5 m ! Donc bétonnage des côtes, au moins dans les lieux les plus touristiques : côte nord de la Crète, Aigion, Kos. Et nouvelles atteintes à l'environnement. Les plus belles plages de Grèce vont disparaître à moyen terme.
Et Tinos ? Et le tourisme durable ?
Peu connue, hors des chemins du tourisme de masse, Tinos ne sera pas - j'espère avoir raison - sauvagement bétonnée. Elle restera une Cyclade tranquille, recevant des visiteurs étrangers sensibles à son charme un peu secret.
Tinos possède tous les atouts pour construire un tourisme différent du modèle mondialisé : patrimoine, sentiers de randonnées, plages peu fréquentées, vie paysanne, gastronomie et j'en passe; L'île doit miser sur le tourisme durable. J'appelle les leaders d'opinion, grecs et étrangers de Tinos à se pencher sur un tel modèle, à proposer des solutions concrètes comme la mise en valeur de tel ou tel pan du patrimoine insulaire, la promotion des sentiers de randonnée, celle des produits locaux, la production d'un plan de communication ciblé.  Il faut convaincre les élus, les hauts fonctionnaires que l'avenir est dans ce type de tourisme.
Tout cela pour que Tinos ne dépérisse pas ou ne devienne pas un autre Mykonos !

vendredi 21 mars 2014

Un nouveau meuble pour la maison de Loutra

Chaque année Sylvie et moi nous efforçons d'améliorer la qualité de nos maisons particulièrement en créant des meubles : en 2009, c'était un vaisselier peint, construit sur le modèle de celui, inutilisable, que nous avions trouvé dans la maison de Loutra.


Cette année, nous avons choisi de remplacer le coffre à vaisselle de Loutra par un bahut peint. Sur la base d'un vieux buffet Sylvie a réalisé cette création originale, dont la décoration s'appuie sur les meubles peints de Macédoine et sur les motifs traditionnels des tympans de Tinos !



Vous trouverez dans son oeuvre les motifs du tympan aux chevaux affrontés qui sépare, dans la maison de Loutra, le salon de la cuisine.
J'emmènerai dans ma camionnette dès demain 22 mars ce bahut à Tinos. Souhaitez-moi bon voyage !


dimanche 9 mars 2014

Un nouvel alambic !

Un nouvel alambic de 30 litres pour la distillerie de Skalados ! Il est en acier inoxydable et je l'utiliserai pour produire davantage d'huile essentielles d'hélichryse microphyllum dès ce mois de juin. Je l'ai testé en France en distillant un peu de thuya, bon fonctionnement et mes nouveaux vases florentins rendent de bons services.
A bientôt dans la distillerie de Skalados : huilesessentiellesdescyclades.fr



lundi 17 février 2014

Nouvelles d'Athènes

Chacun y va de son petit mot sur la Grèce. Voici une compilation de déclarations politiques et économiques, à propos du pays, entendues la semaine passée : atténuation de la récession, excédent budgétaire et chômage des jeunes. Le corps de l'article a été copié dans la Petit Journal d'Athènes, la newsletter des expatriés français en Grèce.
Des chiffres réjouissants... « La récession de l'économie grecque s'est atténuée lors des trois derniers mois de l'année 2013 pour le cinquième trimestre consécutif » ont montré des statistiques publiés vendredi par Eurostat.
« L'excédent budgétaire primaire est nettement plus élevé que nous l'avions estimé initialement (...) Je vous annonce maintenant qu'il dépasse 1,5 milliard d'euros, soit trois fois plus que nos calculs initiaux » a annoncé Antonis Samaras, le premier ministre grec, dans une interview publiée dans l'édition dominicale du journal To Vima. 
Le ministre grec des finances, Yannis Stournaras a déclaré, dans un communiqué que les derniers chiffres publiés sont « des signes positifs que l’économie grecque sort progressivement de la récession profonde et des conditions sont créées pour renouer avec la croissance en 2014. »
...Mais un taux de chômage toujours dramatique« Six jeunes sur dix étaient au chômage en Grèce en novembre dernier » a déploré l'Autorité des statistiques grecques (Elstat).
« Il y a aussi évidemment le petit boulot comme partout. Les jeunes vivent beaucoup dans leur famille, continuent à faire des études, mais sont soutenus en général par la génération précédente » a analysé Petros Linardos. Il est économiste et travaille pour Syriza, le parti radical de gauche. 
Chercher le coupableSamedi dans un entretien pour le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, Alexis Tsipras, candidat à la présidence de la commission européenne sous étiquette (PGE : parti de la gauche européenne) a accusé les dirigeants européens d’avoir utilisé « la Grèce comme cobaye. » Il a qualifié le plan d’aide comme « une thérapie de choc (imposée à la Grèce par ses créanciers), on a voulu tester ce qu'un peuple pouvait endurer. »


Klervi Drouglazet (www.lepetitjournal.com/athenes) Lundi 17 février 2014

vendredi 24 janvier 2014

La vie modeste


Encore la crise en Grèce ! Une des réponses qu'on peut lui opposer est de choisir la vie modeste. Cultiver un jardin, élever des animaux de basse-cour, exploiter intelligemment les ressources de la nature, pêcher, couper son bois de chauffage, circuler avec un deux-roues ou une voiture sobre, pratiquer des échanges non-commerciaux... En fait éviter au maximum le contact avec la société de consommation et mesurer son caractère artificiel.

Le contact avec la société de consommation nourrit par le biais des taxes l'Etat prédateur au service de la Troïka. Il faut en être conscient : l'impôt en Grèce nourrit maintenant un Etat minimal qui a abandonné l'idée de fraternité pour se concentrer sur les exigences des marchés et des bailleurs de fonds, réduction des dépenses et surtout dévaluation interne à la zone euro, la baisse du prix du travail étant censée attirer des investisseurs dans le pays. Je ne cautionne pas cette politique, donc j'évite de nourrir le monstre !

Et puis, consommer dans l'environnement mondialisé revient à exploiter les populations des pays émergents : nous avons perdu le sens des coûts devant l'envahissement de marchandises à bas prix produites par des populations surexploitées au Bangladesh, en Chine, bientôt en Afrique. Je ne cautionne pas le travail des enfants, donc je sous-consomme !

La crise en Grèce est-elle une crise pionnière, pouvant s'étendre ailleurs dans des pays désindustrialisés ou en passe de l'être ? Sûrement. Si aucune révolution technologique majeure n'intervient dans la vieille Europe dans les prochaines années, rien ne pourra résister au déferlement des biens issus des pays à bas prix de main-d'oeuvre. Nous ne pourrons plus créer de valeur. Et si nous ne changeons pas délibérément notre attitude vis à vis de la consommation, nous connaîtrons le malheur du peuple grec que l'agriculture locale ne parvient pas à nourrir et qui s'est très largement désindustrialisé, interdisant une sortie de l'Euro. Donc se préparer. Rendre doucement impossible le fonctionnement du système pour le contraindre à évoluer, rejoindre Gandhi quand il appelait à filer et tisser.

Et puis sortir du primat de la croissance chiffrée et prendre en compte des indicateurs  de développement humain.

mardi 14 janvier 2014

La troïka

En réaction à un article du Monde du 23 12 2013 relatif à la mise en place par le gouvernement grec d'une nouvelle taxe frappant les terrains non bâtis, à usage agricole ou non, M. Noussis écrit ce qui suit, relevé sur le site du grand quotidien parisien du soir :

« Le peuple grec est rongé jusqu’à l’os par les rapaces de la Troïka : baisse des salaires et des pensions de 10 à 25 %, hausse des impôts de 20 % en moyenne. La valeur réelle des biens immobiliers a été divisée par 2, la valeur fiscale multipliée par 2. Le chômage est de 30 %. Les rentrées fiscales donc se réduisent et les impôts augmentent indéfiniment. Ces messieurs on ruiné des milliers de vies, mais pour eux ce qui compte ce sont les chiffres macroéconomiques et les remboursements. »

Rien de plus vrai et j’approuve complètement ces lignes. Et il faudra attendre les élections européennes pour voir peut-être l’étau se desserrer. J’avais voté pour François Hollande en 2012, en espérant qu’il dénoncerait effectivement le pacte de stabilité imposé par les ordo libéraux d’Europe de nord et concrétiserait ainsi l’espoir suscité en Grèce et plus globalement en Europe du sud par son élection. Un mois après, le président français acceptait le pacte de stabilité contre un contrôle bancaire qui n’a toujours pas vu le jour…

Je rentrerai en Grèce, à Tinos, vers le 30 mars. 

mardi 10 décembre 2013

Les hyperthyra

Les hyperthyra sont des tympans de marbre sculptés en faible relief. On les trouve au-dessus des portes et des fenêtres des maisons anciennes de Tinos, d'époque vénitienne ou ottomane. Généralement, ils présentent des motifs agraires, épis de blé, pampres de vigne, cyprès, ou des motifs maritimes, religieux et politiques, comme les bateaux, le chrisme ou l'aigle bicéphale. Les tympans d'époque turque (1714 - 1821) présentent des thèmes orientalisants, comme les griffons et les arcs outrepassés.

Cette particularité est propre à l'île de Tinos : nulle part ailleurs on ne trouve de maisons ornées d'une telle manière. Son origine est peut-être à rechercher dans les transennes ajourées des églises byzantines.

Les hyperthyra signalent une maison noble vénitienne et plus généralement la maison d'une famille notable. Ils sont parfois associés à des blasons latins.

Avec un peu d'habitude on parvient à identifier des ateliers de sculpteurs et à dater approximativement leurs oeuvres : la plupart datent de la fin du 18e siècle, une période de prospérité pour l'île. Le travail du marbre est une tradition très ancienne à Tinos, dans la région de Pyrgos particulièrement.

Promenez-vous dans les villages à la recherche des hypertyra !























dimanche 1 décembre 2013

Voyage à Siatista et Kastoria

Siatista, en Macédoine occidentale, tout au nord de la Grèce était une ville prospère au XIXe siècle grâce à l'industrie de la fourrure, comme sa voisine Kastoria.
Ces petites villes balkaniques sont bien mal connues mais renferment un important patrimoine, malheureusement à l'état de quasi-abandon : les maisons peintes des riches fourreurs. A Siatista, seules la maison Poulkos et celle de Tatiana, plus modeste, sont restaurées et ouvertes aux visiteurs. Les autres ne sont pas entretenues.
Ces maisons patriciennes sont bâties en pierre et en bois comme les yali du Bosphore; elles sont souvent entourées de murs et s'élèvent au centre d'un jardin. A Kastoria elles dominent le lac. Leur décoration extérieure et surtout intérieure est somptueuse, la peinture populaire, le vitrail et le bois sculpté sont partout.























Le musée Bénaki d'Athènes conserve les salons d'apparat de deux maisons macédoniennes, c'est à voir absolument.
Une bonne adresse pour dormir à Siatista : l'hôtel Archontariki
www.facebook.com/HotelArchontarikiSiatista

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